Justice et littérature sont-elles incompatibles dans un prétoire ? C'est de moins ce qu'a décidé la cour d'appel de Californie enretirant à la juge d'instruction Joyce Dudley le droit de statuer sur le sort de Massey Haraguchi, accusé d'avoir drogué et violé une jeune femme. Motif : la magistrate, romancière à ses heures, avait mpublié un thriller dans lequel elle s'était inspirée du passé criminel, du prévenu. "Bien que le roman et le dossier du plaignant présentnt des différences, il existe assez de similitudes pour suggérer que l'intrigue imaginée par mme Dudley repose sur l'affaire en cours", a établi le juge Kenneth Yegan. Pour sa défense, Joyce Dudley a attribué les ressemblances entre faits réels et inventés à une pure coïncidence. Mais elle n'a pu nier avoir décrit le violeur sous les traits d'une "bête immonde", et qualifié l'avocat de ce dernier de "Machiavel fourbe et manipulatur". Pas plus qu'elle n'a contesté avoir servi de modèle à son héroïne, un juge qui, dans son roman, apparaît sous les traits d'une jeune femme combinant "la grâce et la sensualité d'une danseuse, l'intelligence d'un savant, et la passion protectrice d'une mère, l'âge et l'expérience ayant encore rehaussé sa beauté renversante". En dépit des qualités que sa consoeur s'était complaisamment attribuées par personnage interposé, le juge lui a retiré l'affaire.