A deux ou trois kilomètres de La Chapelle-Saint-Laurent, entre Pitié et Clessé, existe l'étang dit des Olivettes, qu'une chaussée sépare de celui des Mottes, commandé par le moulin des Olivettes. Le moulin moud quand l'eau coule. Quand elle est rare, il arrête son tic-tac joyeux et le meunier chôme. Ses rentes diminuent, car le client va demander à d'autres la farine nécessaire à ses besoins.
Un meunier d'antan, des Olivettes, manquant d'eau dans une grande sécheresse, en demanda au diable, qui lui en promit en échange de son âme. Le moulin tourna, mais la farine s'en fut aux deux étangs. Dans les sacs om ne se trouva que du charbon moulu. Le meunier trompé n'en devint pas moins la proie du prince de la géhenne. En souvenir de cette aventure, tous les ans, les étangs des Olivettes et des Mottes blanchissent. Je les ai vus blancs, telles de gigantesques jattes de lait, à l'époque des pluies. Vous me direz peut-être que les grandes eaux y amènent la détrempe des marnes qu'ils ont pour ceinture. Chut ! chut ! Je ne veux connaître que la légende.
Vous ne croyez pas au surnaturel ? Libre à vous ! Voici le récit d'une histoire qui s'est passées à Saint-Philibert-du-Pont-Charrault (Vendée), au carrefour de l'Ormeau de la Billette. Ce carrefour est célèbre, parce que tous les sorciers de la région s'y réunissent pour y perpétrer leurs enchantements. Aux Avents, si vous aviez la curiosité d'y aller, vous feriez la connaissance de tous les prersonnages marquants de la magie noire ou blanche, de dix lieues à la ronde et plus. Le voyage leur est facile. Ils ferment leur porte à clef, se déshabillent, se frictionnent avec une certaine pommade, puis enfourchent leur balai, qui les transporte avec une célérité perveilleuse au rendez-vous, en passant par la cheminée.
Bref, un soir, un brave homme des environs de Saint-Philibert quitta ce bourg, porteur d'un trépied à destination de sa ménagère. En arrivant à l'Ormeau de La Billette, il entendit, de l'un des chemins, venir quelqu'un qu'il voulut voir sans être vu. Pour cela, il s'accroupit dans le coin le plus sombre du lieu. Survint un fils de l'Auvergne, chaudronnier de son métier. Ils sont expansifs ceux de là_bas, aussi celui-là s'écria-t-il avec l'accent du cru :
- Le voilà donc, ce fameux Ormeau de La Billette, rendez-vous du diable et des sorciers !
- Oui ! oui ! s'écria le premier venu, se mettant en lumière, apporte la poêle, voici le trépied.
L'Auvergnat ne jugea pas à propos de continuer la conversation. On le recuillit dans une ferme voisine à demi mort de peur. N'allez pas lui insuffler cette idée qu'un farceur s'est gaussé de lui. Il était à l'Ormeau de La Billette à l'ouverture du sabbat. Longtemps, très longtemps, ses descendants raconteront à qui voudra les entendre qu'il s'est trouvé face à face avec le démon. Par ce temps où le marbre est d'érection facile, peut-être a-t-il dans une bourgade isolée du pays de Vercingétorix sa statue sur la grande pace : une sorte de copie d'un saint Michel honteux s'enfuyant devant le roi des puissances infernales.
Casimir Puichaud, Contes, récits et légendes des Pays de France
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