En Italie, les nonnes, dit-on, portent malheur. Aussi n'est-il pas rare de voir des passants changer de trottoir à l'approche d'un groupe de religieuses, ou se précipiter sur le premier morceau de fer venu et susurrer "Ta soeur !", car une superstition immémoriale prétend que toucher ce métal tout en prononçant cette injonction éloigne le mauvais sort. Agacées par cette tradition infondée et discourtoise, trois jeunes religieuses du couvent de Passirano, en Lombardie, ont décidé de se révolter en créant un groupe de rap. Le premier album de cette formation, Sister Act, est disponible dans les bacs des disquaires et remporte déjà un succès d'estime. Destiné à faire honte aux catholiques italiens superstitieux, et à les encourager à changer d'attitude, le morceau intitulé "Suora tua, tocca ferro !" ("Ta soeur, touche du fer !") tourne notamment en dérision ces croyances féodales. Soeur Alexandra, la chanteuse leader du groupe, dit ne pas avoir été censuréée par sa hiérarchie. "Personne n'a cherché à nous mettre des bâtons dans les roues. Ne portons-nous pas la parole du Seigneur aux plus jeunes pour les faire changer ?" Précisons toutefois que les rapeuses ont pieusement décliné l'offre de se produire en tenue légère dans une boîte de nuit de Pavie.