Je me souviens de je ne sais quelle journée de 1968... Il y a donc longtemps et c'est une vieille honte, un peu passée depuis !
Mendès-France et Miterrand avaient rendez-vous avec Guy Mollet et d'autres, et j'étais en train d'attendre comme journaliste dans un salon. Là-dessus, j'ai entendu qu'ils faisaient mouvement pour entrer dans le salon. Et comme une idiote, comme dans les vaudevilles, je me suis accroupie derrière un canapé. C'est ridicule. J'étais donc coincée entre le rideau et le canapé en me disant : "Le premier qui me découvre... c'est épouvantable !" et j'en étais malade.
Donc, je n'ai rien entendu et, Dieu merci ! Ils se sont levés car le salon était trop petit, et ils ont quitté la pièce pour rejoindre d'autres personnes.
Là-dessus Mitterrand est revenu dans le salon où je me trouvais pour prendre son porte-documents, au moment où je me relevais, et il m'a dit : "Vous êtes complètement folle !", mort de rage. je peux vous dire que je suis partie par la petite porte, très gênée. Mais je n'ai rien retenu... C'était un acte idiot parce que, en plus, je n'ai rien écouté !
- Philippe Bouvard : Il y a un journaliste - je crois que c'est Alain Ayache - qui s'était laissé enfermer dans un placard de chez Drouant un jour où le jury du Goncourt devait décerner leur prix...
- Ca, ça a un sens, c'est volontaire. Moi, c'était involontaire et en plus, comme une idiote, j'ai eu tellement peur que je n'ai pas écouté ! Nulle sur toute la ligne !
La honte de Michèle Cotta