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 Le bagne

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Joa
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Joa


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Le bagne Empty
MessageSujet: Le bagne   Le bagne EmptyDim 29 Mar - 22:54

Le 1er août 1953, les derniers condamnés au bagne quittaient la Guyane pour retrouver le sol métropolitain. Pendant près de trois siècles, les régimes autoritaires ou démocratiques français avaient organisé la déportation outre-mer de criminels et de prisonniers politiques.
L'histoire du bagne s'inscrit dans l'histoire judiciaire de l'Etat français, dans l'histoire des représentations du fait criminel au sein de la société, et enfin dans celle de l'expansion coloniale de la France. Elle est indissociable de l'histoire des galères. D'ailleurs les deux termes restent synonymes dans le langage populaire, de conditions dignes de l'enfer. On y retrouve deux constantes : la volonté d'isoler des individus considérés, à titre divers, comme présentant un risque de contagion grave pour le reste du corps social, et celle de tirer parti de la force de travail de ces hommes perçus comme des "rebus" - et donc à charge - de la société.
Dès le milieu du XVIe siècle, la royauté institue le système de la chiourme : les condamnés sont utilisés comme rameurs à bord de navires de l'Etat, les galères, où l'espérance de vie n'excède pas cinq ans. A la fin du XVIIIe siècle on compte près de douze mille galériens. Louis XIV y fait envoyer nombre de contrebandiers, de vagabonds, mais aussi de protestants. Lorsque le recours aux galères diminue, les forçats quittent ces bâtiments de guerre pour aller travailler dans les arsenaux royaux ; et en 1748 un édit fait remplacer les galères par des bagnes, établissements pénitentiaires, installés pour les plus importants à Toulon, Rochefort et Brest. Les condamnations sont l'occasion de misees en scène où se presse d'ailleurs la foule des badauds : jusqu'en 1836 une "chaîne" (évoquée par exemple dans Les Misérables de Victor Hugo) de cet à trois cents condamnés, enchaînés par le cou, part de Paris pour rejoindre les trois principales villes de bagne. la condamnation au bagne et aux travaux forcés s'applique alors aux criminels, aux opposants politiques ou aux délits militaires, mais on peut y trouver également de "simples" voleurs comme en témoigne l'exemple littéraire de Jean Valjean... Les condamnés à perpétuité connaissent les conditions de détention les plus dures : ils gardent leurs fers en permanence tout en accomplissant des travaux de force. Le marquage au fer rouge est encore en usage, la délation fait partie du quotidien, sans compter le recours aux forçats pour encadrer d'autres forçats. Autour du bagne gravitent plusieurs professions : gardes, bourreaux, flagelleurs (responsables des coups de fouet), mais aussi coiffeurs, écrivains publics, médecins, pour n'en citer que quelques unes... Dans ce monde carcéral, les relations entre condamnés et représentants de la loi sont souvent complexes et ambigües comme en témoignele cas d'Eugène François Vidocq, condamné en 1897 à huit ans de bagne pour faux en écriture, évadé du bagne de Toulon, et devenu indicateur de la police de Paris en 1806 avant d'être nommé Chef de la sûreté de Paris entre 1811 et 1827 !
Dans le premiere tiers du XIXe siècle, la demande - liée aux peur sociales - se fait de plus en plus pressante pour que les bagnards soient totalement isolés des populations. Ce sont en particulier les "libérés", c'est-à-dire ceux qui ont purgé leurs peines, qui inquiètent les responsables politiques et judiciaires. Comme le commissaire Javel, de Victor Hugo, nombreux sont ceux qui estiment en effet que la criminalité et le vol sont ancrés dans ce qu'on appellerait aujourd'hui les gênes. En outre, on explique que les foçats employés dans les arsenaux occupent des emplois que pourraient tenir "d'honnêtes citoyens". La question des opposants politiques soucie également les responsables politiques. Ainsi Napoléon III, qui arrive au pouvoir par un coup d'état le 2 décembre 1851, reprend une pratique inaugurée avec la Révolution française consistant à envoyer outre-mer les condamnés politiques. Plus de trois cents révolutionnaires de 1848 sont ainsi déportés en Guyane, aux îles du Diable (rebaptisées îles du Salut), jusqu'en 1866. Ecartée en 1851 au profit de la Guyane par les responsabilités et administratifs du Second Empire, la Nouvelle-Calédonie devient une nouvelle terre de déportation à partir de 1857. De 1864 à 1924, ce furent ainsi plus de vingt mille personnes qui furent déportées sur le "Caillou". A partir de 1872, et jusqu'à l'amnistie de 1880, les révoltés de la Commune de Paris, dont la célèbre Louise Michel, y ont été envoyés en masse. Parmi les bagnards les plus célèbres de la IIIe République, on retiendra le nom d'Alfred Dreyfus, qui survécut dans de terribles conditions, entre 1895 et 1899, à l'île Royale puis à l'île du Diable. Henri Charrière, qui fut envoyé au bagne de Cayenne en 1931, s'inspira de son expérience et de celles d'autres bagnards pour écrire le roman à succès Papillon, publié en 1969 et immortalisé par Steve Mac Queen. L'installation des bagnes outre-mer eut pour prétexte la mise en valeur des territoires coloniaux. Mais derrière cet argument, il y avait clairement l'objectif d'éloigner définitivement des individus jugés indésirables sur le territoire métropolitain. Le Second Empire définit en 1854 la "transportation" : tout condamné à moins de huit ans de travaux forcés devait, à la fin de sa peine, résider dans la colonie un temps égal à celui de sa condamnation. Il se retrouvait alors plongé dans une terrible misère qui le conduisait souvent à commettre à nouveau des délits. Au-delà d'une peine de huit ans, il devait y résider jusqu'à la fin de sa vie... La IIIe République inventa quant à elle la "relégation" : les récidivistes ayant été condamnés à des peines de prison en France se retrouvaient déportés au bagne.
Si les ministres de la République étaient très précisément informés des conditions de vie exécrable des bagnards, il fallut attendre les reportages d'Albert Londres en 1923 pour que l'opinion publique française soit enfin sensibilisée à cette ignominie. L'Armée du Salut, avec Charles Péan, joua un rôle important dans les années 1930 pour aider les bagnards à une réinsertion digne de ce nom. Sous la pression du guyanais Gaston Monnerville, petit-fils d'esclave devenu sous-secrétaire d'Etat aux colonies, la déportation guyanaise fut abolie en 1938. Cela n'empêcha pas l'envoi de six cent soixante-dix relégués au bagne à la fin de cette même année... Les bagnards de Guyane ont vécu les années de guerre dans des conditions si terribles que d'un peu plus de cinq mille en 1939, ils n'étaient plus que mille quatre cent deux à la libération du territoire en 1943. Sous la direction de l'Armée du Salut, les premiers bagnards sont rapatriés à Marseille le 17 août 1946. Il s'en était fallu de peu : quelques mois auparavant le garde des Sceaux cherchait encore à relancer les convois vers les bagnes outre-mer, quitte à trouver une nouvelle destination. Mais les responsables de la IVe République avaient alors à l'esprit l'horreur absolue de l'univers concentrationnaire nazi...
"Alignés sur le pont on nous dirige vers la passerelle... Une foule bigarrée nous regarde, curieuse. Des Noirs, des demi-Noirs, des Indiens, des Chinois, des épaves de blancs (ces blancs doivent être des bagnards libérés)... De l'autre côté des surveillants, des civils bien vêtus, des femmes en toilette d'été, des gosses, tous avec le casque colonial sur la tête...
Nous marchons à peu près dix minutes et nous arrivons devant une porte en madrier, très haute, où il est écrit : Pénitencier de Saint-Laurent-du-Maroni. Capacité 3 000 hommes..."


Henri Charrière

Le bagne 00111
L'hôpital militaire sur l'île Royale, composant avec l'île Saint-Joseph et l'île du Diable les îles du Salut.
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