"Le matin du départ, je pus voir à quai plusieurs vapeurs. Il en débarquait précisément une brigade de gendarmes et une compagnie de tirailleurs sénégalais venant renforcer le détachement de gardes mobiles qui, depuis l'aube, gardait toutes les issues. Une trentaine de surveillants militaires stationnaient devant la petite gare, mais ils disparurent bientôt, se dirigeant vers la citadelle, accompagnés par les gendarmes. Un silence écrasant régnait sur la petite ville..."
Francis Carco
Ces départs, qui ont eu lieu jusqu'en 1938, date u dernier envoi de bagnards en Guyane, ont beaucoup marqué la population. On en parlait dans la presse nationale, surtout à partir des années 1920. L'Illustration, par exemple, et les magazines à sensation tels Détective ou Police Magazine, ont publié des reportages détaillés, aec des photographies (théoriquement interdites !) et se sont plu à évoquer les "Premiers Paris", héros des cours d'assises.
A la fin du XIXème siècle encore, les condamnés allaient rejoindre le bateau-bagne qui attendait au large en embarquat sur des chaloupes dans le petit port de la citadelle de Saint-Martin-de-Ré. Mais la difficulté d'accès et la hauteur du quai privilégièrent rapidement l'utilisation du port de la ville. Là se regroupait la foule des journalistes, des curieux, mais aussi les familles cherchant à voir une dernière fois un proche. Avant les départs, des arrêtés municipaux interdisaient de photographier, de menacer et d'injurier les forçats et demandaient que les portes et fenêtres donnant qur le passage du convoi soient fermées.