Cette sorte de petit gruyère de 700 grammes à la texture assez souple, fabriqué dans le Jura suisse, doit son nom à Napoléon, son appellation d'origine protégée à sa saveur fruitée, et son succès à son accessoire !...
Dès le XIIe siècle, c'est-à-dire cent ans avant les débuts de la confédération helvétique, ce fromage sert de monnaie d'échange aux moines de l'abbaye de Belleley.
C'est ainsi qu'ils payent les redevances de certains biens fonciers, en acquièrent d'autres, remercient de sa protection le prince-évêque de Bâle.
Les métayers dépendant de l'abbaye de Belleley sont donc astreints à verser à l'abbé une dîme en l'espèce d'un fromage par tête de moine.
A la suite des troubles de la Révolution en 1789, les moines sont chassés de l'abbaye.
Les soldats français découvrent alors toute une réserve de fromages décalottés au fond des grandes caves du monastère : c'est pourquoi Napoléon, sur une boutade, baptise ce petit gruyère "tête de moine".
Le fromage n'en continue pas moins à être produit sur les domaines de l'ancienne abbaye.
Au milieu du XIXe siècle, plusieurs fromageries villageoises sont créées, la tête de moine obtient un prix au concours universel de Paris, et s'exporte jusqu'en Russie.
Un coup d'accélérateur est encore donné en 1981 à la production, grâce à l'invention d'un accessoire jetable, la girolle.
En raclant le dôme écroûté, on forme des copeaux, des frisures, des pétales.