Saint-Brieuc tire tout anturellement son nom de Brieuc (Brieg ou Berioec en breton), qui s'y installa en provenance de Grande-Bretagne, aux alentours de 580. Il y créa un monastère, devint son premier évêque et fut inhumé à l'endroit où s'élève la cathédrale. C'est l'un des fondateurs de la Bretagne, qu'on honorait au XIIe siècle lors du pélerinage du Tro Breizh.
Le chef-lieu des Côtes-d'Armor ne manque pas de curiosités en tout genre, mais l'une des plus étonnantes est la tour de Cesson, non tant pour elle-même que pour la légende qui s'y rattache.
Sur la pointe de Cesson, qui commandait autrefois l'entrée de Saint-Brieuc par la mer, s'élève une ruine d'assez belle allure. C'est le vestige d'un château construit en 1395 par le dux Jean IV et en partie détruit à la fin du XVIe siècle sur l'ordre de Henri IV, pour avoir servi de repaire aux bandes de la Ligue. Ce n'est pourtant pas ainsi que les habitants de Saint-Brieuc interprétaient jadis ce vestige. Ils y voyaient non une ruine, mais une construction inachevée. Celle-ci était l'oeuvre d'une fée, qui avait entrepris de bâtir là sa demeure. Mais, voyant à terre une pie morte, elle prit conscience du caractère éphémère de toute chose. Elle s'écria : "Eh bien, puisque tout meurt, cessons !" Et s'en alla.
La seule tour achevée prit alors le nom de Cesson, de même que la pointe sur laquelle elle était bâtie. Elle est restée comme un témoignage de l'inconstance d'une fée mélancolique et pessimiste.