Chez Nous
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Chez Nous

Tu entres, ici dans un havre de paix ...
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-64%
Le deal à ne pas rater :
-64% sur le Lot de 2 Enceintes bibliothèques Jamo S17F (gris ou bleu)
199 € 549 €
Voir le deal

 

 Le penn-baz du mort

Aller en bas 
AuteurMessage
Joa
Admin
Admin
Joa


Nombre de messages : 13100
Age : 76
Localisation : Martigues
Réputation : 0
Date d'inscription : 19/02/2006

Le penn-baz du mort Empty
MessageSujet: Le penn-baz du mort   Le penn-baz du mort EmptySam 5 Mai - 10:51

Désiré Mingam, de Tréduder, le marchand de porcs, ayant perdu son penn-baz (bâton à tête ferrée) sur le Foarlac'h, à Lannion, en reçut un autre en cadeau d'un de ses confrères, de Rospez. Or, le sor même, comme il rentrait souper à son auberge, le bâton qui lui avait été donné s'embarrassa si malencontreusement dans ses jambes qu'il alla heurter de la tête le pavé de la rue et resta à demi mort sur la place. Il guérit cependant au bout de quelque quatre ou cinq semaines.
Mais à peine avait-il recommencé à courir les foires que le penn-baz aussi recommença à lui jouer de mauvais tours. A la fin, il se dit que cela n'était pas naturel et, résolu de ne plus se servir de cette trique de malheur, il la suspendit dans l'âtre par sa courroie de cuir.
Du temps se passa, des mois, peut-être des années. Un jour d'hiver qu'il glaçait à force, notre homme eut la visite d'un cultivateur de l'Armor du Plestin qui venait l'entretenir d'affaires. Une bouteille de cidre fut débouchée ; et, comme son hôte était tout transi, Désiré Mingam l'invita à s'installer avec lui auprès du feu, pour la boire.

Tout à coup, au moment précis ,où le cultivateur s'asseyait sur l'escabeau, dans le coin de l'âtre, le penn-baz suspendu dans la cheminée, se détacha comme de lui-même et vint tomber aux pieds de l'homme.
- Tiens, tiens, fit celui-ci en ramassant le bâton et en l'examinant d'un air bizarre, sans être trop curieux, d'où tenez-vous cet outil ?
- Ma foi, dit Mingam, c'est un de mes confrères qui me l'a donné, voici pas mal de temps, et je ne peux pas dire qu'il m'a fait ce jour-là, un cadeau avantageux.
- Ah ! pourquoi donc ?
- Parce qu'il n'y a pas de mésaventures que ce maudit morceau de houx ne m'ait causées.
Et il se mit à les conter. Quand il eut fini, l'homme lui demanda :
- Sauf votre grâce, dites-moi,n je vous prie, le nom du marchand qui avait le penn-baz en sa possession.
- Vous devez le connaître, car il habite dans vos parages : c'est Jacques Bourdoullouz, de Toull-an-Héry... Cela vous intéresse donc ?
- Beaucoup, et vous allez comprendre pourquoi... Mais, d'abord, vous n'êtes pas, je pense, sans vous souvenir que mon père fut trouvé mort, le crâne fracassé, dans la grèce de Saint-Efflam.
- Certes, la chose fit assez de bruit en son temps. Je crois même, n'est-ce pas, qu'on a jamais pu découvrir l'assassin ?
- Pas plus que l'instrument qui avait servi à commettre le meurtre et qui, au dire du médecin-juré, ne pouvait pas avoir été qu'une masse de casseur de pierres ou un penn-baz. Or, le penn-baz dont mon père ne se séparait jamais n'était pas auprès de son cadavre ; l'assassin, son crime accompli, l'avait emporté ! Ce penn-baz était marqué de deux coches en croix sur la poignée... Eh bien ! regardez !
L'homme tendit à Désiré Mingam le bâton qu'il venait de ramasser : les deux coches en croix y étaient, usées, encrassées, mais visibles.
- C'est donc ça, murmura Mingam. Je ne m'étonne plus à présent. Et qu'allez-vous faire ?
- Voulez-vous me confier l'outil ?
- Oh ! prenez-le, gardez-le ; moi, je ne veux plus le voir.
D'affaires il ne fut plus question, vous sentez bien. Le cultivateur repartit au plus vite, se dirigeant vers Plestin où il y a des gendarmes. Le soir même, Bourdoullouz, mis à l'improviste en présence de l'instrment accusateur, était contraint d'avouer son crime. Il est mort aux galères. Dieu l'ait en pitié !

Anatole Le Braz, Contes, récits et légendes des pays de France
Revenir en haut Aller en bas
http://site.voila.fr/chezjoa
 
Le penn-baz du mort
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» La tête du mort
» Le char de la mort
» La mort du Diable
» Le linceul du mort
» Machisme pas mort

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Chez Nous :: Les pipelettes :: Histoires insolites :: Contes et légendes-
Sauter vers: