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 Hachkro et ses deux compagnons

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Hachkro et ses deux compagnons   Hachkro et ses deux compagnons EmptyMar 10 Oct - 4:03

Par là, dans un village misérable de Navarre, vivait une famille très pauvre.
Un jour, le bois vint à manquer dans la maison. Se faisant accompagner de sa fille, le père s'en fut donc : de la forêt ils rapporteraient chacun son fagot.
Parvenus dans la forêt, ils y prirent deux directions différentes, étant convenus que celui d'entre eux qui aurait le premier ramassé son fagot attendrait l'autre à tel endroit donné.
C'étaient des forêts effrayantes que les forêts de ce temps-là !
La jeune fille avait à peu près formé son fagot, quand, sortant soudain de la forêt, surgit le Seigneur sauvage qui saisit la fille et l'emporte dans sa demeure souterraine. Comment dire l'épouvante de la pauvre enfant et le crève-coeur des parents volés de leur fille ?...

Il se passa du temps, et dans l'antre du Seigneur sauvage naquit donc Hachko. C'était un enfant robuste on ne peut plus. Il était velu par tout le corps et n'avait aucun besoin de vêtement pour se couvrir.
Des années, ils restèrent ainsi, la mère et le fils, sans sortir du souterrain. L'enfant avait déjà sept ans. Un jour, Hachko se met en peine de découvrir où peut bien aller le Seigneur sauvage. Montant, montant toujours, il parvient enfin à l'ouverture supérieure. Par les interstices d'un énorme rocher, il aperçoit une lumière belle à ravir. Terrifié de ce qu'il a vu, il redescend et s'en va tout raconter à sa mère. La pauvre mère lui demande en tremblant s'il n'aurait pas au moins déplacé la pierre. Ils sont perdus si jamais le père s'apercevait de quelque chose ! Et l'enfant de lui répondre qu'elle n'a pas lieu du tout de trembler.
Survient précisément le Seigneur sauvage qui leur dit avec une certaine mauvaise humeur : "Serait-ce vous qui m'auriez déplacé la pierre là-haut ?" Ils répondent que non, et le Seigneur sauvage s'en va rassuré.

Tout à fait épris de la lumière qu'il a vue, le petit garçon dit à sa mère qu'il leur faut s'en aller de là : "Mais qui déplacera la grande pierre ? - Moi, mère ! - Tu ne le pourrais pas, enfant !- Oui, mère, je le ferai, comme je l'ai déjà fait l'autre fois ; je ne vous l'avais pas avoué..."
Ils grimpèrent donc le long de la caverne. Hachko prend la pierre dans ses mains velues et, tout d'abord, la redresse. Puis, la faisant pivoter, il la fait rouler sur les pentes de la montagne. La pierre descend d'un élan furieux, mettant en pièces tout ce qui se rencontre sur son chemin.
L'Homme sauvage entend l'énorme fracas. Il se demande si, dans son antre, on aurait pas renversé le roc... A peine a-t-il constaté le beau travail de Hachko, qu'il s'élance à la poursuite de la mère et de son enfant.
Déjà ils approchaient du village, lorsque la pauvre mère se rend compte que le Seigneur sauvage est après eux. Que fait-elle ? Elle se met à pousser des cris perçants...
En entendant ces hauts cris, on crut à quelque diablerie par là, et voici que le tambour et les cloches du village s'ébranlent et font rage. Devant tout ce tapage, l'Homme sauvage prit la fuite et quitta même à tout jamais ces parages.
Les voici parvenus au village. Quelle joie de la pauvre mère ! Tout le monde regardait l'enfant et demeurait stupéfait. Il avait alors huit ans. On l'habille et on le met à l'école.
Dans les premiers jours, les enfants, interdits tous, se demandaient ce que diable pouvait être l'affreux camarade dont les longs poils se voyaient à travers les vêtements. Puis ils se familiarisèrent, et l'un par-ci, l'autre par-là, les voilà qui le tirent par les poils. Et, pendant quelques jours, Hachko supporta toutes ces vexations. Mais notre homme de se fâcher à la fin. Un jour, il dit à sa mère ; "Mère, des camarades morveux ne cessent de-ci, de-là, de me tirer par les poils. Vous verrez encore que j'en tuerai la moitié ! - Je vous défends bien pareille chose !"
Le lendemain, il retourne donc à l'école. Mais les brimades recommencent de plus belle. Alors, notre Hachko se fâche : il en empoigne un par les reins et s'en sert pour cogner l'autre. Jamais on entendit clameur pareille. Il y eut des tués, des blessés. Le maître d'école s'échappait par la fenêtre, moins rapidement même qu'il ne l'eut voulu... Hachko ne retourna plus à l'école.

Il fut chez lui pendant quelques années. Puis, un jour, il dit à sa mère qu'il lui faut aller faire fortune. Qu'on lui façonne donc un bâton bien solide ! On lui en apporte un qui pesait dans les deux quintaux. Mais il l'estime une bagatelle. On lui en apporte un second qui pesait dans les douze quintaux. Il le soupèse, et il lui paraît que celui-ci lui convient à peu près. Et, le voilà en route, faisant siffler son bâton.
Tandis qu'il chemine ainsi, il rencontre un homme : "Bonjour, l'ami ! - Bonjour à vous pareillement ! Or ça, vous ma paraîssez être un rude gaillard, que vous maniiez ainsi un bâton pareil ! -Oui, un peu. Il ne pèse pas précisément tant que çela : dans les douze quintaux. - C'est que je suis fort moi aussi. Si je le voulais, d'un reniflement je vous jetterais par terre... Mais, non ! J'aime mieux jeter ce chêne."
Et, bouchant une de ses narines, le voilà qui s'y met. Crac, le chêne est tombé, les racines en l'air !...
Voyant qu'il est fort ainsi, Hachko lui demande s'il veut venir avec lui, car il est parti pour faire fortune... Et l'autre d'accepter : de grand coeur il s'en ira avec lui.
Les voilà donc partis tous les deux. Tandis qu'ils vont ainsi allègrement, ils croisent un homme qui jouait avec une meule de moulin et des bouchons énormes : "Bonjour, l'ami ! - Bonjour à vous pareillement !" On échange maints et maints propos. Puis Hachko lui dit : "Vous devez venir avec nous, vous serez bien à votre place. - Où allez-vous donc ? - Faire fortune. - Oui, ça và ; de très bon coeur."
Et voilà Hachko et ses compagnons courant après la fortune.
Déjà, ils avaient fait bien du chemin, et ils commençaient d'avoir faim, lorsqu'ils aperçurent une bergerie. Ils s'y rendent et y rencontrent le berger occupé avec ses brebis : "Salut, l'ami ! - Et à vous aussi, maîtres !" Ayant ainsi échangé leurs saluts et n'ayant nulle envie de bavarder, ils demandent au berger s'il n'a rien qui se puisse manger, car ils sont affamés. "Je n'ai pas grand-chose, c'est vrai ; mais j'ai là une mesure de maïs que je viens de rapporter du moulin. Je vais vous en faire quelques galettes, si vous le voulez bien.
- Mais oui, très volontiers."
Et le brave berger se met en devoir de faire ses galettes. Au fur et à mesure qu'il les faisait, eux les mangeaient. Ils lui en dévorèrent ainsi dix-sept, au point que le berger ne revenait pas de sa stupeur.

La faim à peu près assouvie, Hatchko lui dit qu'ils sont ainsi partis pour faire fortune. Où lui semble-t-il qu'ils y parviendraient le plus aisément ? Le berger répond que, descendus un peu plus bas, ils verraient un beau château dont toute l'enceinte était clôturée de fer, avec, sur le devant, de beaux portails... "Cependant, je dois vous le dire, personne jamais n'a pu entrer là-dedans car ce château est la demeure des Diables. Mais, je le vois, vous êtes des hommes comme il ne s'en rencontre guère. Il me paraît que si personne n'y est parvenu, c'est vous qui vous en rendrez maîtres..."
Et voilà nos trois hommes partis.

Ainsi que le leur avait dit le berger, ils parviennent devant le château en question. Après avoir examiné comment ils pourraient s'y prendre plus aisément, le Renifleur attaque d'abord. Vains efforts. Les portails demeurent debout, malgré qu'il leur donne une fière secousse.
Au tour de Bouchon maintenant. Il saisit sa meule ; il la fait siffler et la lance dans un élan furieux. un pan de muraille s'écroule, mais ce n'est pas encore suffisant pour entrer.
C'est donc le tour de Hachko. Il s'éloigne de vingt pas pour prendre son élan, et, de toutes ses forces, lance son énorme levier... Braou ! les portails s'écroulent.
Tous les trois, ils entrent. Personne ne paraît. Ils fouillent par-ci, furètent par là : partout des sacs remplis d'or. Ils s'en vont dans la cuisine. Cinq ou six pots sont là devant le feu. Dans l'un il y a une poule, un canard dans l'autre, dans l'autre un poulet et je ne sais plus quoi encore... Enfin, ils dressent la table, et, à midi, les voilà qui déjeunent, comme s'ils n'avaient pas dévoré dix-sept galettes. Mangeant et mangeant toujours, Dieu sait ce qu'ils absorbèrent. Le soir vint qu'ils ne s'étaient pas levés de table.
Ils causèrent encore quelque peu, puis se mirent en devoir de choisir chacun une belle chambre. Faire un pareil repas et puis dormir dans un beau lit blanc ! Quel bonheur vraiment !... Ce fut la plus belle nuit de leur vie.

Le lendemain, ils se levaient vers huit heures.
Le Renifleur demeura à la maison, pour préparer le repas, tandis que les deux autres s'en allaient à la chasse. Ils étaient convenus que le Renifleur sonnerait d'une cloche découverte par là, pour leur dire quand retourner. Le Renifleur se met donc au travail, se proposant de préparer un dîner dont on dirait : "Mais qu'est-ce que ceci ?"

Vers les dix heures, il entend qu'on frappe kach, kach, kach, à la porte. Il y va. C'était un vieux mendiant. Il coupe une large tranche de pain et la lui donne. Le vieux mendiant fait comme si le pain lui était échappé des mains et le laisse tomber à terre. Le Renifleur, prenant son âge en pitié, se baisse pour le lui donner de nouveau. Mais, à peine s'est-il courbé, que, soudain, le Diable lui saute dessus. Quelque temps, ils ne purent se vaincre ni l'un ni l'autre. Mais ensuite le mendiant eut le dessus. Saisissant le grand coutelas que le Renifleur tenait un instant auparavant, le Diable coupe en morceaux le pauvre homme et l'introduit ainsi dans un pot. Puis, il s'en va. Il était près de deux heures, à ce moment-là.
Nos chasseurs, cependant, n'entendaient pas de cloche et ils avaient bien faim. Ils s'en viennent donc, curieux de savoir ce qui se passait.
Et leur ami ne se voyait nulle part. Ils fouillent dans les pots et qu'y trouvent-ils ? Leur camarade découpé en morceaux. Mais Hachko avait le pouvoir de ressusciter les morts. Avec soin il rassemble tous les morceaux, et puis, ayant fait certaines simagrées, voilà qu'il ressuscite le mort. Le Renifleur est donc sur pied, racontant immédiatement à ses amis tout ce qu'il était advenu.
Le lendemain, c'était au tour de Bouchon de préparer le repas. Et voilà qu'il lui arriva aussi la même aventure.
N'entendant rien, alors qu'ils étaient affamés, les chasseurs s'en revinrent, impatientés du retard. Le pauvre Bouchon était pour lors dans le pot, en train d'y bouillir. Hachko le ressuscite lui aussi.
Cette fois, c'est à Hachko que revient la charge de garder la maison. Ses amis ne veulent pas le laisser seul, car, Hachko mort, ils ne pourront pas, eux, le ressusciter. Mais, sans la moindre peur, Hachko les congédie ; ils peuvent s'en aller bien tranquilles.
A la même heure toujours, kach, kach, on heurte à la porte. Hachko s'y rend. C'était encore et toujours le même vieux mendiant. Il lui donne une belle tranche de pain, en lui disant d'un air sévère : "Tenez, mon ami !" Le vieillard laisse tomber le pain et prie Hachko de vouloir bien le lui relever. Très sèchement, Hachko lui répond : "Oh ! si vous en avez réellement besoin, vous le ramasserez bien vous-même !" Et il s'en retourne à son travail.

Le vieux démon court après lui et l'accroche fortement. Mais c'est en vain ; il ne parvient pas à le terrasser comme les autres. C'est pendant un moment, une lutte effroyable. Puis, ayant désespéré, le Diable veut fuit par la cheminée. Alors, Hachko saisit un levier. Il le lui enfonce par-derrière, et voilà le Diable réduit en miettes. Puis, Hachko retroune en sifflotant à son travail, car il désirait que son dîner fût prêt à l'heure. Quand il eut à peu près achevé, il va regarder l'heure : "Midi moins le quart ! Bah ! ce sera l'heure pour lorsqu'ils seront rendus !" Et, dilin-dalan, dilin-dalan, il fait aller la cloche.
Effrayés, les chasseurs se regardent l'un l'autre, ne sachant quoi penser. Ils s'en reviennent au plus vite, ils vont bien voir ce qui se passe. Et les voilà devant Hachko qui a déjà dressé la table et s'occupe à tirer la soupe : "Mais, il n'est donc pas venu de mendiant aujourd'hui ? - Est-ce possible que ce petit morveux d'homme ait eu raison de vous ? Allons ! Asseyez-vous et mangez. Celui-là ne vous fera plus de mal : je l'ai jeté par là, du côté du jardin."
Ils passèrent ainsi quelques jours, l'un préparant les repas, les autres allant à la chasse. Mais ils n'avaient pas encore fouillé toute la maison. Ils vont donc, fouillant une pièce, et puis une autre encore. Dans l'étage supérieur ils découvrent douze vieillards dont la barbe descendait jusqu'à terre et qui étaient assis autour d'une table. Hachko et Bouchon vont chercher leurs armes pour les exterminer tous. Le Renifleur y va de son reniflement. Bouchon de sa meule, Hachko de sa massue, et en un clin d'oeil les douze démons sont massacrés.
Dès lors, ils étaient maîtres du château.
Mais ils ne voyaient jamais personne, et ils s'ennuyèrent assez promptement de cette vie. Ils décidèrent qu'ils devaient retourner au village.
Ils emportèrent deux ou trois sacs d'or chacun. Et, s'étant souvenu du berger de la montagne là-haut, ils lui remirent aussi douze mille francs.
Et voilà nos hommes retournés riches, très riches, au village. Ils avaient fait fortune.

Cette aventure fit grand bruit dans le village et dans les environs aussi.
Ainsi conseillés par les prêtres et les autres autorités, tous les trois, ils se marièrent. Et s'ils vécurent bien, ils moururent bien aussi.

Jean Barbier, Contes, récits et légendes des pays de France
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