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 L'Oiseau de vérité

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Joa
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Joa


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MessageSujet: L'Oiseau de vérité   L'Oiseau de vérité EmptyDim 3 Déc - 15:39

Il était une fois un roi et une reine. Le roi partit pour la guerre, laissant sa femme enceinte. La mère du roi, qui n'aimait pas sa belle-fille, ne savait qu'inventer pour lui faire du mal. Pendant l'absence du roi, la reine mit au monde deux enfants, un garçon et une fille ; aussitôt la vieille reine écrivit au roi que sa femme était accouchée d'un chien et d'un chat. Il répondit qu'il fallait mettre le chien et le chat dans une boîte et jeter la boîte à la mer. On enferma les deux enfants dans une boîte que l'on jeta à la mer.
Peu de temps après, un marchand et sa femme, qui parcouraient le pays pour vendre leurs marchandises, vinrent à passer par là ; ils aperçurent la boîte qui flottait sur l'eau. "Oh ! la belle boîte ! dit la femme ; je voudrais bien savoir ce qu'il y a dedans : ce doit être quelque chose de précieux." Le marchand retira de l'eau la boîte et la donna à sa femme. Celle-ci n'osait presque y toucher ; elle finit pourtant par l'ouvrir et y trouva un beau petit garçon et une belle petite fille. Le marchand et sa femme les recueillirent et les élevèrent avec deux enfants qu'ils avaient. Chaque jour le petit garçon se trouvait avoir cinquante écus, et chaque jour aussi sa soeur avait une étoile d'or sur la poitrine.
Un jour que le petit garçon était à l'école avec le fils du marchand, il lui dit : "Mon frère, j'ai oublié mon pain ; donne-m'en un peu du tien. - Tu n'es pas mon fère, répondit l'autre enfant, tu n'es qu'un bâtard : on t'a trouvé dans une boîte sur la mer, on ne sait d'où tu viens." Le pauvre petit fut bien affligé. " Puisque je ne suis ton frère, dit-il, je veux chercher mon père." Il fit connaître son intention à ses parents adoptifs ; ceux-ci, qui l'aimaient beaucoup, peut-être aussi un peu à cause des cinquante écus, firent tous leurs efforts pour le retenir, mais ce fut en vain. Le jeune garçon prit sa soeur par la main et lui dit : "Ma soeur, allons-nous-en chercher notre père." Et ils partirent ensemble.

Ils arrivèrent bientôt devant un grand château ; ils y entrèrent et demandèrent si l'on n'avait pas besoin d'une relaveuse de vaisselle et d'un valet d'écurie. Ce château était justement celui de leur père. La mère du roi ne les reconnut pas ; on eût dit pourtant qu'elle se doutait de quelque chose ; elle les regarda de travers en disant : " Voilà de beaux serviteurs ! qu'on les mette à la porte." On les prit quand même ; ils faisaient assez bien leur service, mais la vieille reine répétait sans cesse : " Ces enfants ne sont propres à rien ; renvoyons-les."
Elle dit au roi : "Le petit s'est vanté d'aller chercher l'eau qui danse." Le roi fit aussitôt appeler l'enfant. "Ecoute, lui dit-il, j'ai à te parler. - Sire, que voulez-vous ? - Tu t'es vanté d'aller chercher l'eau qui danse. - Moi, sire ! comment ferais-je pour aller chercher l'eau qui danse ? je ne sais même pas où se trouve cette eau. - Que tu t'en sois vanté ou non, si je ne l'ai pas demain à midi, tu seras brûlé vif. - A la garde de Dieu !" dit l'enfant, et il partit.
Sur son chemin il rencontra une vieille fée, qui lui dit : "Où vas-tu, fils de roi ? - Je ne suis pas fils de roi ; je ne sais qui je suis. La mère du roi invente cent choses pour me perdre : elle veut que j'aille chercher l'eau qui danse ; je ne sais pas seulement ce que cela veut dire.
- Que me donneras-tu, dit la fée, si je te viens en aide ? - J'ai cinquante écus, je vous les donnerai bien volontiers. - C'est bien. Tu iras dans un vert bocage ; tu trouveras de l'eau qui danse et de l'eau qui ne danse pas ; tu prendras dans un flacon de l'eau qui danse, et tu partiras bien vite." Le jeune garçon trouva l'eau demandée et la rapporta au roi. "Danse-t-elle ? dit le roi. - Je l'ai vue danser, je ne sais si elle dansera. - Si elle dansait, elle dansera toujours. Qu'on la mette en place."
Le lendemain, la vieille reine dit au roi : " Le petit s'est vanté d'aller chercher la rose qui chante." Le roi fit appeler l'enfant et lui dit : "Tu t'es vanté d'aller chercher la rose qui chante. - Moi, sire ! comment ferais-je pour aller chercher cette rose qui chante ? Jamais je n'en ai entendu parler. - Que tu t'en sois vanté ou non, si je ne l'ai pas demain à midi, tu seras brûlé vif."

L'enfant se mit en route et rencontra encore la fée. "Où vas-tu, fils de roi ? - Je ne suis pas fils de roi, je ne sais qui je suis. Le roi veut que je lui rapporte la rose qui chante, et je ne sais où la trouver. - Que me donneras-tu si je te viens en aide ? - Ce que je vous ai donné la première fois, cinquante écus. - C'est bien. Tu iras dans le beau jardin ; tu y verras des roses qui chantent et des roses qui ne chantent pas ; tu cueilleras bien vite une rose qui chante et tu reviendras aussitôt, sans t'amuser en chemin." Le jeune garçon suivit les conseils de la fée et rapporta la rose au roi. "La rose ne chante pas, dit la vieille reine. - Nous verrons plus tard", répondit le roi.
Quelques temps après, la vieille reine dit au roi : "La petite s'est vantée d'aller chercher l'oiseau de vérité." Le roi fit appeler l'enfant et lui dit : Tu t'es vantée d'aller chercher l'oiseau de vérité. - Non sire, je ne m'en suis pas vantée ; où donc l'irais-je chercher, cet oiseau de vérité ? - Que tu t'en sois vantée ou non, si je ne l'ai pas demain à midi, tu seras brûlée vive." La jeune fille s'en alla donc ; elle rencontra aussi la fée sur son chemin. "Ou vas-tu, fille de roi ? - Je ne suis pas fille de roi ; je suis une pauvre relaveuse de vaisselle. La mère du roi veut nous perdre, elle m'envoie chercher l'oiseau de vérité, et je ne sais où le trouver. - Que me donneras-tu si je te viens en aide ? - Je vous donnerai une étoile d'or : si ce n'est pas assez, je vous en donnerai deux. - Eh bien ! fais tout ce que je vais te dire. Tu iras à minuit dans un vert bocage ; tu y verras beaucoup d'oiseaux ; tous diront : C'est moi ! un seul dira : Ce n'est pas moi ! C'est celui-là que tu prendras, et tu partiras bien vite ; sinon, tu seras changée en pierre de sel."
Quand la jeune fille entra dans le bocage, tous les oiseaux se mirent à crier : "C'est moi ! c'est moi !" Un seul disait : "Ce n'est pas moi !" Mais la jeune fille oublia les recommandations de la fée, et elle fut changée en pierre de sel.
Son frère, ne la voyant pas revenir au château, demanda la permission d'aller à sa recherche. Il rencontra de nouveau la vieille fée. "Où vas-tu, fils de roi ? - Je ne suis pas fils de roi, je ne sais qui je suis. Ma soeur est partie pour chercher l'oiseau de vérité, et elle n'est pas revenue. - Tu retrouveras ta soeur avec l'oiseau, dit la fée. Que me donneras-tu si je te viens en aide ? - Cinquante écus, comme toujours. - Eh bien ! à minuit tu iras dans un vert bocage ; mais ne fais pas comme ta soeur : elle n'a pas écouté mes avis, et elle a été changée en pierre de sel. Tu verras beaucoup d'oiseaux qui diront tous : C'est moi ! tu prendras bien vite celui qui dira : Ce n'est pas moi ! tu lui feras becqueter la tête de ta soeur, et elle reviendra à la vie."
Le jeune garçon fit ce que lui avais dit la fée : il prit l'oiseau, lui fit becqueter la tête de sa soeur, qui revint à la vie, et ils retournèrent ensemble au château. On mit l'oiseau de vérité dans une cage, l'eau qui danse et la rose qui chante sur un buffet.

Il venait beaucoup de monde pour voir ces belles choses. Le roi dit : "Il faut faire un grand festin et y inviter nos amis. Nous nous assurerons si les enfants ont vraiment rapporté ce que je leur ai demandé." Il vint donc beaucoup de grands seigneurs. La vieille reine grommelait : "Voilà de belles merveilles que cette eau, et cette rose, et cet oiseau de vérité ! - Patience, dit le roi, on va voir ce qu'ils savent faire." Pendant le festin, l'eau se mit à danser et la rose à chanter, mais l'oiseau de vérité ne disait mot. "Eh bien ! lui dit le roi, fais donc ce que tu sais faire. - Si je parle, répondit l'oiseau, je rendrai bien honteux certaines gens de la compagnie. - Parle toujours, dit le roi. - N'est-il pas vrai, dit l'oiseau, qu'un jour où vous étiez à la guerre, votre mère vous écrivit que la reine était accouchée d'un chien et d'un chat ? N'est-il pas vrai que vous avez commandé de les jeter à la mer ?" Et comme le roi faisait mine de se fâcher, l'oiseau reprit : "Ce que je dis est la vérité, la pure vérité. Eh bien ! ce chien et ce chat, les voici ; ce sont vos enfants, votre fils et votre fille."
Le roi, furieux d'avoir été trompé, fit jeter la vieille reine dans de l'huile bouillante. Depuis lors, il vécut heureux et il réussit toujours dans ses entreprises, grâce à l'oiseau de vérité.

Emmanuel COSQUIN, Contes populaires de Lorraine, 1886
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