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 L'Oiseau de Paradis

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Joa
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Joa


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MessageSujet: L'Oiseau de Paradis   L'Oiseau de Paradis EmptyVen 9 Juin - 23:03

L'évêque de Paris Maurice de Sully (v.1120-1196) rapporte une version de cette histoire, déjà célèbre du Moyen Âge. C'est de ce texte que s'est inspiré l'abbé Grivel dans le conte présenté ici, tiré des Chroniques du Livradois (1852) et légèrement abrégé par Paul Sébillot.

Un religieux du couvent de Chaumont, dans le Puy-de-Dôme, se livrait habituellement à de profondes méditations. Un jour qu'il était allé dans une forêt voisine qui appartenait au couvent et que l'on nomme encore le Bois-des-Pères, pour se livrer avec moins de distraction à ses exercices habituels de contemplation mystique, il aperçut un oiseau dont le plumage était de la plus éclatante beauté, dont le chant était plus ravissant encore, qui voltigeait devant lui de branche en branche.
Le bon père pensa qu'il lui serait facile de l'attraper ; il se mit donc à sa poursuite. Quand il semblait près à le saisir, le léger volatile glissait entre ses doigts ; quand, au contraire, le religieux épuisé de fatigue allait se décourager, aussitôt l'oiseau revenait près de lui, étalait à ses yeux la beauté de son plumage, faisait entendre sa plus coquette chanson, et le bon religieux de reprendre courage et de redoubler d'efforts.
Attrapa-t-il l'oiseau que plusieurs ont nommé l'Oiseau de paradis ? Où arriva-t-il, le poursuivant ? Rien de tout cela n'a été constaté par le récit qu'il m'a été fait. Quoi qu'il en soit, le père Anselme croyait ne s'être absenté que quelques heures, mais il était loin du compte ; il cherche à s'orienter, le soleil seul n'a point changé. Tout ce qui l'environne lui paraît différent de ce qui existait naguère. Là où existait un pré, il voit de grands arbres, là où l'on récoltait les meilleures gerbes du couvent, c'est une prairie qui est à la place.
Après avoir cherché, perdu et retrouvé son chemin, il accourt en toute hâte et vient enfin sonner à la porte du monastère, qui lui-même est méconnaissable. Au bruit redoublé de la cloche arrive le frère portier.
- C'est bien ici le couvent de Chaumont ?
- Sans doute, mon révérend.
- Et c'est vous qui êtes portier ?
- Oui
- Ce n'est pas possible ! Où est donc frère Jérôme, qui était là il n'y a qu'un instant ? Mais vous n'avez pas de costume de notre ordre ?
- De quel ordre voulez-vous donc parler ?
- De l'ordre Saint-Benoît de Cluny ; ne sommes-nous pas bénédictins ?
- Non, nous sommes et je suis minime !
- Des minimes au couvent de Chaumont ?

Le père Anselme se frotte les yeux, il croit être le jouet d'un songe. Après un instant de silence :
- Faites-moi parler au prieur Jean de Chalençon, mon prieur à moi, dont la chambre est à côté de la mienne.
Cette fois, le frère portier crut avoir affaire à un homme qui n'avait pas la raison, et par commisération, il se contenta de lui dire :
- Attendez-moi, je vais prévenir le supérieur.
Celui-ci par hasard arrive au parloir et père Anselme lui dit :
- Je suis sorti de ce couvent, il y a quelques heures à peine pour aller me promener comme d'habitude, avec la permission de notre prieur, dans notre forêt, et comme si la baguette d'un enchanteur eût touché les lieux et les personnes, tout a changé, je ne reconnais plus rien. Il y a peu d'heures encore, j'ai laissé ici le vénérable Jean de Chalençon, et je ne le retrouve pas plus que le reste, et on me dit que c'est vous qui êtes supérieur de cette maison.
Le supérieur, à son tour, d'ouvrir de grands yeux et de croire, comme le frère portier, qu'il est en présence d'un pauvre insensé.
Cependant le père Anselme raconte tout ce qui lui est arrivé avec tant de détails, tant de suite, avec un tel accent de vérité, que le supérieur rappelle enfin ses souvenirs, et au nom de Jean de Chalençon si souvent répété par le père Anselme :
- C'est en effet le nom du dernier prieur des bénédictins de Chaumont, mais il y a près de deux cents ans que ce saint personnage est mort, et c'est après lui précisément que le prieuré fut attribué à notre ordre par une bulle du pape. Puis après une pause :
- Je me rappelle confusément avoir lu dans les annales de la maison qu'un religieux bénédictin du nom d'Anselme, qui se livrait habituellement à de hautes contemplations, disparut tout à coup, qu'on fit beaucoup de recherches pour savoir ce qu'il était devenu, mais qu'il fut impossible de découvrir ses traces. Ce religieux, sans doute, c'est vous ?
Le père Anselme baissa la tête. Vainement le prieur voulut le retenir. Il sortit en toute hâte et on ne le revit jamais.

Paul SEBILLOT, Littérature orale de l'Auvergne, 1898
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