Il y avait une fois dans une ville un monsieur et une dame. Ils étaient ssez bien, et ils avaient un fils déjà en âge qu'ils voulaient faire marier avec quelque bonne fille de cette ville. Mais comme ce jeune homme savait la réputation des filles de ce pays-là, il n'avait pas la moindre confiance que ces filles-là fussent démeurées sans que personne les eût touchées. Or, il voulait une femme chez qui personne n'ait été. Que fit notre jeune homme ? Il se dit qu'il lui faut aller chercher quelque part une femme qui n'ait jamais touché un homme, et il part, disant à son père et à sa mère qu'il va visiter les environs, et il mporte avec lui beaucoup d'argent afin de mieux plaire.
I coururt pendant quelques jours, examinant bien toutes les filles qu'il rencontrait. Ce jeune homme arriva un jour dans un certain pays et il lui parut qu'il aurait intérêt à séjourner quelques jours. Il va se loger à l'auberge et voit des jeunes filles jolies, jolies, et si belles, que déjà il ne sut laquelle choisir. Un matin, il lui vient l'idée d'aller à la chasse, et il part vers les montagnes. Il aperçoit sur une montagne éloignée une fumée qui sort d'une petite cabane, et il y va pour savoir ce qu'il y a là.
Quand il y est arrivé, il sort de cette cabane une jeune fille si belle, et si jolie, et si faîche, qu'elle lui semble aussi belle qu'un astre. Ce jeune homme se dit tout de suite en la voyant : "C'est comme ceci que doit être ma femme ; celle-ci ne m'échappera pas." Il la salue et, après les politesses, lui demande si elle veut se marier avec lui. La jeune fille lui répond qu'elle ne sait pas ce que c'est que se marier, qu'elle ne comprend pas ce qu'il lui dit.
En entendant cela, notre jeune homme est dans la joie : sûrement cette fille n'a jamais été avec aucun homme. Il lui demande si elle n'a pas de parents. Elle lui répond : "Oui, mon père est là-bas, vers ces hauteurs, dans le bois." Il lui dit que, comme elle et ui ne se comprennent pas, elle aille dire à son père de venir à la maison, qu'il a besoin de lui parler.
Quand le père arrive, il lui demande sa fille pour femme, qu'il lui donnera une maison pour lui et tout ce dont il aura besoin pour manger et boire. Quand le père eut entendu cela, il lui dit : "Oui, bien volontiers, je vous donne ma fille." Le père et la fille sot donc vite d'accord avec ce rétendant qui leur donne une grande bourse pleine d'or, leur disant d'attendre jusqu'à ce qu'il leur envoie une voiture pour les chercher. Cela dit, il revient chez lui, laissant le père et la fille fort contents.
Quant il fut arrivé, il dit à son père et à sa mère qu'il a trouvé une femme qui fera tout à fait son affaire. Le père et la mère ne veulent contrarier en rien leur fils unique, quoique cela ne fût point de leur goût. Ils acceptent donc de faire comme cela lui plaît, et on prépare tout pour le mariage.
On fit de très belles noces. Il y avait de tout. Tout le monde fut rassasié. Sur le soir, l'épouse demanda à son mari : "Il faut maintenant que vous me disiez ce que c'est que de se marier." Elle se rappelait et avait toujours à l'esprit ce qu'il lui avait dit en se présentant dans so ancienne cabane. Il lui répondit : "Je vous le dirai ce soir, après que..."
Mais l'épouse n'était pas satisfaite, elle redemanda bien vite à son mari : "Il faut que vous me disiez maintenant même ce que c'est que se marier. Je ne vous laisserai plus en paix ; il faut que je le sache ; il faut que vous me le disiez." Comme il ne voulait pas la contrarier dès le premier jour, il lui dit : "Oui, je vais vous l'apprendre maintenant", et ils congédient tous les gens qui étaient là.
Ils vont dans la chambre, et font ce que vous pensez ; puis il lui dit : "Voilà ce que c'est que le mariage." Alors sa femme lui répond : "Bah ! si ce n'est que cela, je le faisais tous les dimanches avec le sacristain de chez nous !"
Wentworth Webster et Julien Vinson, Contes, récits et légendes des pays de France
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