Fred Snowburry, propriétaire d'un important restaurant new-yorkais, est un incorrigible amateur de grosses farces. En particulier, il ne manquerait sous aucun prétexte la sacro-sainte tradition du 1er avril. C'est ainsi qu'en cette année 2003, il a fait en sorte que tout son personnel reçoive le 31 mars une lettre de licenciement. Et, le lendemain, lorsque les intéressés sont venus le trouver, bouleversés ou furieux, il leur a lancé à chacun, avec un grand rire sonore : "Poisson d'avril !"
Après cette plaisanterie médiocrement appréciée par ses victimes, le travail a repris au restaurant, mais une semaine plus tard, une série d'incidents extravagants se sont produits coup sur coup. D'abord, un clochard, qui avait réussi à tromper l'attention du personnel, s'est enfermé dans les toilettes pour y prendre le déjeuner qu'il avait emporté dans sa musette. En attendant qu'arrive la police, c'est en salle que les évènements se sont multipliés. Des homards, sortis on ne sait comment de leur vivier, ont commencé à circuler au milieu des tables, tandis qu'une cliente éméchée se mettait à pousser la chansonnette. Fred Snowburry s'arrachait les cheveux, lorsque tous ses employés lui ont lancé en choeur : "Poisson d'avril !"
Ils avaient loué les services d'une maison spécialisée dans les animations à domicile, qui avait mis en scène ce charivari. Fred Snowburry, trouvant qu'une pareille plaisanterie était de nature à nuire à la réputation de l'établissement, leur a déclaré qu'elle était de mauvais goût, mais ses employés lui ont rétorqué qu'une fausse lettre de licenciement n'était pas de meilleur goût.