A 3 kilomètres au nord-ouest de Guénin, se dresse une colline qui étonne et impressionne dans le décor uniformément plat, recouvert de maigres broussailles, qui l'environne. Une fois qu'on l'a gravue, on y découvre une chapelle dédiée à saint Michel. Mais ce saint familier ne doit pas faire illusion : il n'est là que pour conjurer un des plus inquiétants vestiges du paganisme breton. Un peu plus loin, en effet, se dresse un dolmen, ou plutôt une pierre allongée reposant sur deux tas de terre qui la maintiennent en équilibre. Sur cette pierre, longue d'environ 5 mètres, en granit noir du pays, on peut voir distinctement une succession de trous, dans lesquels, pourrait se loger un corps humain. Le premier est de la taille d'une tête, le second est assez vaste pour abriter le buste et le tout se poursuit par une tranchée allongée correspondant aux jambes. Mais le plus inquiétant est une rigole qui part de l'endroit du cou et qui va jusqu'au sol. Les spécialistes ont beaucoup discuté au sujet du dolmen de Guénin. Longtemps, on a voulu voir dans ces traces le résultat de l'érosion naturelle, mais à présent, de l'avis général, il s'agit d'un autel où se faisaient des sacrifices humains et la rigole était destinée à recueillir le sang des victimes.
D'ailleurs, les anciens étaient de cet avis. A Guénin et dans la région, jusqu'à la fin du XIXe siècle, les vieillards lassés de la vie se rendaient la nuit au dolmen et, là, des druides les frppaient à la tête et laissaien tg leur corps sur la pierre. Qui étaient ces druides ? Des brigands, des membres d'une secte ? Nul ne l'a jamais dit et le dolmen de Guénin garde tout son mystère.