Comme chaque année, Germaine a méticuleusement préparé son réveillon de fin d'année. Le 31 décembre elle regagne son appartement, dans la banlieue de Nantes, les bras chargés de victuailles appétissantes. Elle ne s'inquiète pas outre mesure quand l'ascenseur dans lequel elle a pris place se bloque entre deux étages. Pourtant, au bout de quelques minutes, force lui est de constater que l'alarme de l'appareil n'est relié à aucun central, et qu'en cette période de fêtes les voisins ont déserté l'immeuble. Loin de céder à la panique, Germaine organise sa survie en s'attaquant à ses provisions avec bonne humeur. Après avoir avalé une banane et du chocolat, elle s'offre quelques marrons glacés. Les heures passent. L recluse célèbre le passage de la nouvelle année en grignotant des crevettes. Elle dégusterait bien un verre de vin, mais elle a sacrifié sa bouteille de chablis pour briser une vitre et aérer son éroite prison. Pour passer la nuit le mieux possible, elle utilise son manteau en guise de couverture et les sacs en plastique de ses courses comme pots de chambre. Le lendemain soir, alors que Germaine s'attaque joyeusement à sa tranche de foie gras, une voisine, inquiète de ne pas la trouver chez elle, alerte les secours. Gendarmes et pompiers la libèrent enfin après presque quarante-huit heures de confinement.
"J'ai une pêche d'enfer, un réveillon comme celui-là ne s'oublie pas !" s'est exclamée l'arrière-grand-mère, âgée de quatre-vingt-six ans !