En Anjou, les taupes sont d'anciennes fées punies par les curés, pour s'être révoltées contre Dieu. Dans les Vosges, ce sont les fées qui demandèrent à être transformées en taupes, mais depuis elles sont accusées de ravager les potagers. En Auvergne, le diable voulut créer l'homme : il ne réussit qu'à faire la taupe.
La réputation maléfique de ce petit mammifère, ennemi des pelouses, lui a valu d'être souvent maltraité, torturé et tué. En Vendée, il est d'usage de faire une croix là où il se montre, car l'apercevoir sur un chemin promet un ennui. Ses monticules de terre, lorsqu'ils sont près du seuil, sous les fenêtres ou contre le mur d'une maison, portent malheur. Au XVIIe siècle, des sorciers appelés "meneurs de taupes" avaient le pouvoir de les envoyer dans les jardins et les champs. Mais le taupier, pourtant chargé de les détruire, fut longtemps soupçonné au contraire de les amener, par vengeance, chez ceux qui ne faisaient pas appel à ses services. Dans le Bocage normand, il était si méprisé encore à la fin du XIXe siècle qu'il ne prenait pas ses repas avec les autres ouvriers de la ferme. Les Wallons le considéraient comme un magicien capable d'attirer en un clin d'oeil n'importe quel animal, dont bien sûr la taupe.