Guy Laroche, un fringant quinquagénaire, mène grand train à Paris depuis deux ans. Rien de plus naturel puisque notre homme est le président de la République du Freedland, qu’il possède un carnet d’adresses bien rempli, et un bagout exceptionnel. Aux avocats, médecins et responsables d’ONG qu’il rencontre, il tient un discours très persuasif : « Mon pays est le dernier havre de paix, le seul capable d’accueillir sans discrimination les sans-papiers et les réprouvés de la planète. » Aux uns et aux autres, Laroche offre des portefeuilles ministériels dans son futur gouvernement. Mais les intéressés doivent préalablement débourser 30 000 euros pour acquérir la nationalité freedlandaise. Moyennant une somme qui varie de 3 000 à 5 000 euros, le président aide aussi les immigrés clandestins à monter leur dossier de régularisation, afin d’obtenir une carte de séjour dans son lointain pays. En octobre 2006, Guy Laroche donne une conférence de presse dans les salons d’un luxueux hôtel de la capitale. Tandis qu’il plaide sa cause pour recueillir des fonds, trois policiers font irruption et lui passent des menottes aux poignets.
« Vous êtes en état d’arrestation, lui dit un officier.
- Et pour quelle raison ? s’insurge l’homme d’Etat.
- Parce que le Freedland est un pays imaginaire, et que le montant de vos escroqueries s’élève déjà à plus de 300 000 euros. »
En guise de palais présidentiel, Guy Laroche gouverne aujourd’hui sa république fantôme depuis une cellule de la prison de la Santé.