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 Saint Germain et le serpent

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Saint Germain et le serpent   Saint Germain et le serpent EmptyMar 21 Avr - 16:40

Le Trou Baligan s'ouvre dans les falaises qui forment le Nez de Flamanville. Lers falaises en cet endroit sont d'un fort beau granit qu'on exploite sur une large échelle. Une quantité considérable d'ouvriers, attachés journellement aux flancs de la falise, en détachent de gros blocs qui gisent çà et là sur le sol, et dont les débris descendent jusque dans la mer. On a trouvé là une mine, médiocrement enrichie, il est vrai, de minerai de fer, que l'on fouille à l'aide d'une machine à vapeur. Il y a donc aujourd'hui sur cette côte une activité toute moderne. Un sémaphore couronne le Nez de Flamanville. Tout près de là est le port de Diélette et l'embouchure de la petite rivière du même nom.
Le Trou Baligan est complètement perdu dans la falaise. L'entrée est plus large que celle du Trou de Sainte-Colombe ; des rochers à pic lui forment une sorte de vestibule. A droite, la caverne à deux compartiments superposés, séparés par un bloc de granit, mais on arrive bientôt au fond. Le véritable Trou Baligan est perpendiculaire à la mer ; il est fort étroit, la fente est un peu inclinée, le sol est encombré de galets apportés par le flot. On prétend que, les premières difficultés vaincues, le passage devient plus facile. On rencontre une mare barrant le chemin ; au-delà, la caverne s'élargirait et arriverait jusque sous l'église de Flamanville, située sur la hauteur, à une demi-lieue de là. Mais il faut probablement voir là une imitation de la tradition relative au Trou de Sainte-Colombe, et une imitation maladroite, car si l'histoire de Colombe peut se rattacher à toute force à une vieille construction romane du XIe ou XIIe siècle, il n'y a aucun lien possible entre l'église de Flamanville, qui date du XVIIe siècle, et le fait merveilleux dont le Trou Baligan aurait été le théâtre.

Sur toutes les parois de la caverne qui sont au grand jour, on voit courir une végétation qui a la couleur et laspect du sang désséché. Cette entrée de la caverne n'est pas ce qu'elle a été autrefois du reste. On a enlevé un énorme bloc de granit dans lequel une longue ligne onduleuse d'un beau pourpre figurait assez bien en serpent. Cet accident du granit se rattache intimement à la légende que nous allons raconter.
Un serpent gigantesque, un véritable monstre, s'était établi autrefois dans cette caverne, dont il sortait de temps en temps pour faire une excursion sur la côte et s'emparer de tous les enfants qu'il trouvait sur son chemin ; il les emportait dans son antre pour les dévorer, et quand il les avait digérés, il se mettait en quête d'une nouvelle proie. Ces excursions se renouvelaient à peu près toutes les semaines ; la bête parcourait les hameaux et brisait au besoin les portes et les clôtures pour s'emparer d'une proie à sa fantaisie. Les habitants désespérés se décidèrent à faire sa part au monstre et chaque semaine on lui abandonnait un enfant désigné par le sort.
Tout le pays était dans la désolation. On s'était naturellement adressé à saint Georges, le destructeur de monstres, vénéré dans plusieurs paroisses du pays qui portent son nom, mais saint Georges était demeuré sourd.
Un matin, on venait d'amener un enfant au serpent, et l'on s'apprêtait à le lui abandonner lorsque l'attention de tous fut attirée par un objet singulier. Sur la mer, qui était alors calme et unie, on voyait un homme se tenir debout, une crosse d'évêque à la main, une mitre sur la tête, et une grande chape sur le dos ; il ne marchait pas, il semblait glisser : à mesure qu'il approchait on s'aperçut qu'il était porté sur une rouelle de charrue. C'était saint Germain-la-Rouelle. La mer était haute, le saint aborda en face du Trou Baligan, et marcha droit au serpent. Celui-ci recula et fit un mouvement pour rentrer dans son antre où sa queue était restée comme celle de certains mollusques lorsqu'ils sortent à demi de leurs coquilles. Le saint lui barra le passage, et lui porta un coup de sa crosse ; l'anmal se tordit à ce contact, fit quelques mouvements convulsifs, puis resta immobile et s'incrusta dans un bloc de granit, où on a pu le voir jusqu'au commencement du XIXe siècle.

Après cet exploit, saint-Germain-la-rouelle benit la foule qui s'était rassemblée sur la falaise et se confondait en actions de grâce, puis il s'éloigna sur sa rouelle comme il était venu, sans vouloir faire un plus long séjour dans le pays.
Mais les habitants ne l'ont pas oublié. Plusieurs paroisses portent son nom : un olus grand nombre sont placées sous son invocation. A Flamanville, entre autres, le jour de la Saint-Germain, les enfants sont conduits solennellement à l'église pour remercier le saint de la destruction du serpent et lui demander sa protection pour l'avenir.
Saint-Germain est toujours représenté avec un animal à ses pieds. L'animal varie. C'est le plus souvent un petit quadrupède fantastique vomissant des flammes. On place la même bête aux pieds de saint Gire (saint Gilles).
Quelquefois, dit-on, on voit des enfants pleurer sans cause apparente et regarder dans certaine direction avec tous les signes de l'effroi. Les grandes personnes ne voient rien, mais on prétend que les enfants ainsi effrayés voient la bête saint germain qui les menace. Pour faire cesser ces apparitions effrayantes, on se rend à l'église avec l'enfant, un prêtre lit sur sa tête l'évangile du jour, on lui fait baiser la bête et l'on assure qu'après cela le bête ne se manifeste plus.
Antérieurement à la destruction du monstre, saint Germain avait fait une première apparition à Flamanvilel. Il était venu demander aux habitants de Diélette un terrain pour bâtir une église avec ses dépendances. On lui accorda tout ce qu'il pourrait entourer d'un sillon de charrue avant le déjeuner. Grand fut l'étonnement quand, au lieu de charrue, on le vit se servir de son bâton qui, promené sur le sol, creusait un sillon aussi profond que si la charrue y était passée. Le don se trouva beaucoup plus considérable qu'on ne s'y était attendu, mais on ne contesta pas et l'église fut bâtie au pied de la falaise. Cette église n'existe plus, parce que la mer, après avoir rongé peu à peu le terrain environnant, finissait par la menacer. On l'a démolie au XVIIe siècle et reportée sur la hauteur à une demi-lieue de là. On montre encore l'endroit où elle s'élevait. Le cimetière qui l'entourait est devenu un pré.

Jean Fleury, Contes, récits et légendes des pays de France.
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