Langres, sur le plateau du même nom, qui s'avance entre la vallée de la Marne et le vallon de la Bonelle, est d'origine très ancienne, puisqu'elle fut la capitale du peuple gaulois des Lingons. Elle a, par la suite, été une ville gallo-rmaine d'importance, avec un capitole, des temples, un cirque, des arcs de triomphe. Mais cette cité au climat rude a, toutefois, pour principal titre de gloire d'être la patrie de Diderot. Fils d'un maître artisan coutelier, ce dernier est né le 5 octobre 1713, au n° 6 de la place Chambeau, aujourd'hui place Diderot. Il est resté toute sa vie très attaché à ses origines et, dans une lettre à Sophie Volland, du 10 août 1759, il brosse un portrait original, à la fois élogieux et ironique, de ses concitoyens :
"Les habitants de ce pays ont beaucoup d'esprit, trop de vivacité, une inconstance de girouette. Cela vient, je crois, des vicissitudes de leur atmosphère, qui passe en vingt-quatre heures du froid au chaud, du calme à l'orage, du serein au pluvieux. Il est impossible que ces effets ne se fassent pas sentir sur eux et que leurs âmes soient quelque temps de suite dans la même assiette.
"Elles s'accoutument ainsi, dès la plus tendre enfance à tourner à tout vent. La tête d'un Langrois est sur ses épaules comme un coq d'église en haut d'un clocher : elle n'est jamais fixe dans un point et, si elle revient à celui qu'elle a quitté, ce n'est pas pour s'y arrêter. Avec une rapidité surprenante dans les mouvements, dans les désirs, dans les projets, dans les fantaisies, ils ont le parler lent. Pour moi, je suis de mon pays, seulement le séjour dans la capitale et l'application assidue m'ont un peu corrigé."