En 1813, Napoléon fit construire sur la place de la Bastille un éléphant de 14,60 mètres de long.
Tout débute à Berlin, Napoléon est séduit par une pendule à l'éléphant dans le bureau du roi de Prusse. Il charge dès lors le sculpteur Bridan, créateur de la façade du théâtre des Variétés, de mener à bien la création d'une fontaine sur la place de la Bastille. Achevé en 1813 pour un coût de cent cinquante mille francs, l'éléphant est présenté en exposition sur l'emplacement actuel de l'Opéra-Bastille. C'est par escalier logé dans une patte que l'on accédait à cette oeuvre et, dissimulée par un drap, une machine hydraulique devait alimenter la fontaine. malheureusement, après la chute de l'Empereur, les choses traînent. Le bassin est créé, tandis que la bête s'effrite lentement sous le vent et la pluie. En 1830, l'animal n'a toujours pas rejoint son socle et on ne le visite plus. Il est entouré de planches, les gamins du quartier s'y livrent des batailles et les rats pullulent, rendant intenables les maisons du voisinage.
Les plus belles pages sur l'éléphant sont écrites par Victor Hugo dans Les Misérables : "C'était une sorte de symbole de la force populaire (...) Dès que tombait le crépuscule, il prenait une figure tranquille et redoutable dans la formidable sérénité des ténèbres.' Et l'écrivain de donner le ventre de l'éléphant comme logis à Gavroche, qui s'y aménage un gourbi de fortune, qu'un treillis métallique, épave d'un chantier, protège des rats.
Finalement prévalut l'idée d'élever sur la place de la Bastille un monument aux victimes de Juillet. Ainsi, le colonne de Juillet, bien que révolutionnaire, est-elle juchée sur un socle napoléonnien.