Si l'on considère avec Darwin que l'évolution des espèces est liée à la nécessité de l'adaptation, on admettra qu'en détournant les objets de leur usage premier, le genre humain soit rapidement parvenu à prendre l'ascendant sur les autres.
Ainsi à propos du Subutex, ce dérivé de morphine utilisé pour la désintoxication des héroînomanes. Ne figurant pas dans la catégorie des stupéfiants, il est délivré sur simple ordonnance et intégralement remboursé aux titulaires de la CMU. Il n'est donc pas étonnant qu'on le retrouve sur le marché parallèle au pris de 1.50 euro le comprimé, soit deux fois moins cher qu'en pharmacie. Si l'on en croit Claude Frémont, ancien directeur de la Cram à Nantes, 40 % des prescriptions de Subutex en Île-de-France seraient ainsi détournées pour alimenter un trafic à l'échelle mondiale, la Sécurité sociale se transformant malgré elle en pourvoyeuse de narcotiques. Impliquant médecins, pharmaciens et dealer, un réseau de revendeurs a récemment été démantelé, et le préjudice de l'assurance-maladie estimé au bas mot à 500 000 euros. De même, en mai 2007, un steward d'Air France est pris la main dans le sac à l'aéroport de Nouakchott, en Mauritanie. Son bagage contient plus de 50 000 pilules de Subutex, généreusement offertes par la "Sécu" française pour un montant de 1.5 million d'euros. "Le lobby des associations de défense des toxicomanes protège ce médicament qui fait moins de dégât que l'héroïne", déplore Frémont.
Se plaignat autrefois d'être écrasées par l'impôt, les prostitués de Lyon avaient dénoncé en Etat proxénète. Aurions-nous aujourd'hui le mauvais goût de traiter la République de narcotrafiquante ?