Un petit village de Vendée où le peintre Gaston Chaissac a vécu 13 ans, a créé autour de latrines classées Monument historique un espace original dédié à la découverte de ce peintre inclassable.
Le peintre a débarqué en 1948 à Sainte-Florence pour suivre sa femme, nommée institutrice de l'école publique comptant six élèves.
C'est là qu'en 1952 Gaston Chaissac décide de peindre, devant l'objectif de son ami, photographe Robert Doisneau, des portraits de bonshommes dans les toilettes "pour faire venir les enfants dans cette cour (d'école), trop vide à son goùt", explique le maire de la commune Jean-Paul Croué.
Sur les quatre portraits ébauchés sur les latrines, un seul en couleur attire encore le regard des visiteurs, les autres ayant souffert des outrages du temps.
L'histoire aurait pu en rester là. Mais autour de ces latrines, l'association locale Flore culturelle a voulu rendre hommage au peintre dans "La Boîte à sucre bleue", installée dans l'unique salle de classe de l'ancienne école publique.
Un endroit qui n'est pas un musée, note M. Croué, car loin d'exposer des oeuvres, "La Boîte à sucre bleue", réalisée par le peintre-scénariste Xavier de Richemont, veut surtout offrir des clés pour comprendre l'inclassable Chaissac.
L'espace propose un palais des glaces surprenant formé de miroirs brisés, un "passage des bouses" ou une "rotonde des lettres" qui reprend quelques passages des 3 000 "oeuvres" épistolaires de Chaissac.
Les habitants de Sainte-Florence évoquent aujourd'hui Chaissac avec un petit sourire ironique, se remémorant cet original qui vivait aux crochets de sa femme.
'Je suis toujours infiniment affligé du don de faire s'esclaffer les gens sur mon passage. C'est absolument incroyable. Au point que je ne serais pas autrement surpris de voir un condamné se rendant à l'échaffaud pris de fou rire en m'apercevant", écrivait Chaissac dans un courrier envoyé au maire de Sainte-Florence.
Le peintre jouait allègrement de cette image d'"idiot du village", et ne cessait d'envoyer des lettres à ses amis artistes, à des connaissances et parfois aussi à des habitants choisis au hasard sur l'annuaire, pour leur raconter son humeur ou sa journée.
Mort en 1964 à La Roche-sur-Yon, ce peintre "de village semi-naïf" est honoré aujourd'hui dans un musée des Sables-d'Olonne.
Bisous
Alice
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