Les scientifiques rendent hommage au piedPARIS - Ce n'est pas la main mais le pied qui est l'organe le plus noble de l'homme: des anatomistes, médecins et spécialistes de l'évolution réunis à un colloque de la Société de biométrie humaine ont tenu à rendre hommage à cette partie unique de notre corps.
En effet, si personne ne peut nier l'habileté extraordinaire de la main humaine, des peintures de Lascaux aux fusées en passant par des milliers d'outils et d'instruments indispensables, au plan anatomique, elle n'est qu'une version à peine "modernisée" de l'organe pentadactyle (à cinq doigts) rayonnant, comme le souligne la paléoanthrologue du CNRS Yvette Deloison.
La main humaine, dit-elle, est plus proche de l'extrémité des mains d'un macaque, voire des membres antérieurs d'un rongeur ou d'un reptile, que de celle du chimpanzé, avec des doigts puissants allongés servant de crochets.
C'est en étudiant précisément la main des hominidés anciens que la scientifique s'est rendu compte de la différence et de l'importance du pied.
Certes, explique-t-elle, notre pied est composé des mêmes éléments qu'un pied de singe: le tarse (partie au bas de la jambe, grosso modo le talon), métatarse (la plante) et les orteils (doigts). Mais ses muscles ne jouent pas le même rôle: ceux de l'hallux (gros orteil) permettent à un grand singe de saisir une branche comme avec une pince mais, atrophiés chez l'homme, ils ne servent plus à rien.
Mëme si les fossiles d'Homo habilis (premiers humains d'il y a deux millions d'années) laissent imaginer une possibilité de ce genre de mouvement, pour la scientifique, l'anatomie fonctionnelle du pied humain interdit donc d'imaginer le passage d'un pied de singe grimpeur à l'homme bipède. Nous descendons obligatoirement d'un vieux primate qui marchait déjà sur ses deux pieds, insiste Yvette Deloison.
Pourtant, l"'idée" de marcher debout est bien plus ancienne: des reptiles bipèdes ont existé il y a près de 300 millions d'années. Certains dinosaures ont également été bipèdes. Les oiseaux comme les kangourous le sont également, même si leur mode de locomotion n'a rien à voir acec celle des hommes, ni celle des gorilles, chimpanzés ou orangs-outans ou encore celle d'autres mammifères, comme les ours, qui se redressent de temps à autre.
En revanche, la marche humaine est sans équivalent, avec toutes les contraintes au niveau du maintien de l'équilibre fragile pour respecter le centre de gravité, les changements de forme et de surface permanente de la surface du pied, assure le chirurgien belge Marc Libotte.
Les pas humains sont par ailleurs étonnament économes en énergie puisque, a relevé le spécialiste, "un petit sachet de cacahouètes suffit pour marcher pendant deux heures".
Son collègue français Jean Bénichou s'est penché sur le symbolisme du pied, souvent méprisé ("bête comme ses pied") parfois réconfortant ("c'est le pied"), mais servant tout de même fréquemment de référence.
Les architectes grecs, a-t-il rappelé, calquaient la proportion idéale des colonnes des temples sur la mesure du pied par rapport à la hauteur du corps.
Bisous
ALICE