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 La bête à sept têtes

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Joa
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Joa


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MessageSujet: La bête à sept têtes   La bête à sept têtes EmptyDim 24 Juin - 9:58

Ce conte merveilleux très ancien serait, selon les spécialistes, d'origine française. Si, dans cette version charentaise, il s'intitule la Bête à sept têtes, on le retrouve dans les autres provinces sous des titres divers, comme les Trois Frères (Bretagne), le Pêcheur et le roi des poissons (Guyenne) ou tout simplement le Pêcheur (Poitou).

Il était une fois, en Charente, très loin au bord de l'Atlantique, une pauvre famille de pêcheurs. La mère, toujours malade, ne quittait guère son lit. Et chaque matin, elle disait au père : "Je crois que je guérirais si tu me rapportais le roi des poissons." Traînant ses filets, l'homme partit pour la mer et pêcha inlassablement.
Or, ce matin-là, un menu poisson, frétillant aux écailles de pourpre et d'argent, se prit dans les mailles. En le regardant de près, on était surpris de voir les feux brillants que lançait chacune de ses écailles. Mais, le pêcheur fut plus émerveillé encore, quand la bête 5ac parla : "Si tu me rends la liberté, disait la voix fluide, tu prendras toute la friture que tu voudras ..." Le pêcheur pense à sa femme, pâle dans l'alcôve triste ... Mais il est très ému par cette vision. Et, comme le roi des poissons se faisait plus implorant, et promettait tant de poissons, l'homme le rejeta à l'eau. Et, en effet, ses filets, ce jour-là, débordèrent de poissons de toutes tailles et de toutes couleurs. Mais, dans sa joie, la pensée de sa femme l'étreignait. Elle l'attendait. Apprenant qu'elle ne mangerait pas encore la bête désirée, elle soupira tristement. Trois jours encore, le pêcheur attrapa le poisson merveilleux, trois fois il le rejeta dans les flots. Enfin, désespéré, il parla ferme :
- Roi des poissons, ma femme te désire. Toi seul peut la guérir. Il faut que je t'emporte.
- Soit, dit le roi, que ta femme me mange. Elle guérira. Mais, écoute bien mon conseil. Quand je serai mangé, mets mon squelette au pied de ton pommier. Celui-ci a trois branches. Quand chacun de tes trois fils aura vingt et un ans, il partira à l'aventure, avec un des trois chiens que tu possèdes et un des trois chevaux qui grandissent dans ton écurie. Lorsqu'un malheur sera arrivé à un de tes fils, une branche de ton pommier mourra. Tu seras ainsi averti ...

Tout fut fait selon le voeu du poisson. L'année suivante, l'aîné des fils partit en pays inconnu... Au bout de l'an, une branche de l'arbre se flétrit. "Ah ! s 5a4 e dit l'homme amèrement, il est arrivé malheur à mon fils !"
- Père, dit le second, je pars à la recherche de mon frère.
Un an plus tard, le pêcheur, en visitant son pommier, trouva flétries, séchées, les feuilles de la deuxième branche. Des larmes coulaient sur sa peau rude et parcheminée.
Victor, son benjamin, voulut partir aussi. C'était le plus beau de ses fils. Il avait un visage de jeune fille ; une peau tendre, rose ; ses cheveux châtains bouclaient harmonieusement. Ses yeux noisette étaient doux et vous enveloppaient de tendresse quand ils vous regardaient. Comme il souriait souvent, chacun l'aimait. De plus, on le disait fort courageux. Au moment du départ, sa marraine, qui était une fée, lui donna un pot de colle. C'était un pot de grès, comme celui qui conserve le beurre ou les "claquettes". Mais la colle était magique !... Victor partit donc dans la même direction que ses frères. Après avoir longtemps chevauché, il arriva dans une ville inconnue. Comme il voulait pousser la porte le l'enceinte, il entendit une voix qui disait :
- Donne un poil de ton chien et de ton cheval et tu entreras.
- Je ne donnerai ni un poil de mon chien, ni un poil de mon cheval et j'entrerai quand même.
Victor donna un grand coup d'épée si brusque que la porte, fendue, s'ouvrit en deux. Derrière elle se trouvaient, décapités, ses deux frères, qui avaient obéi à la voix traîtresse. Victor sortit sa colle, en m 5ac it un peu de-ci, un peu de là, et les deux jeunes gens remis sur pied reprirent le chemin du logis. Au pommier paternel, deux branches reverdirent et refleurirent. Mais Victor avançait toujours. Dans la ville, il descendit à l'hôtel. Là, il demanda pourquoi tous les gens qu'il avait encontrés étaient si tristes.
Ah ! mon bon monsieur, c'est que la bête à sept têtes va manger, ce soir, la fille du roi.
- La bête à sept têtes ?
- Oui... un monstre que personne n'a jamais pu approcher, mais qui exige chaque année, à la Saint-Michel, la plus belle fille du pays pour la manger. Cette année, c'est la fille du roi...
Et elle se mit à pleurer.
- Où cette demoiselle doit-elle se rendre ?
- A l'orée du bois, vers neuf heures.
Victor remercia, et s'en fut dans sa chambre. Vers neuf heures, il en sortit silencieusement pour aller vers le bois. Là, il ordonna à la belle jeune fille résignée de se cacher et il attendit. Bientôt il entendit un bruit de branches cassées. et une bête horrible surgit. Par chacune de ses sept gueules, elle vomissait des flammes de feu énormes. Caché derrière un arbre, Victor l'attendait : sans un mot, il lui coupa deux têtes.

- Merci, cavalier, dit-elle ; j'aurai plus de force demain avec mes cinq têtes, que je n'en avais aujourd'hui avec sept. Le lendemain, aux yeux effrayés de la princesse, elle reparut plus repoussante. Les flammes montaient, se tordaient ou s'étiraient. Vict 5ac or coupa encore trois têtes.
- Merci, cavalier, dit-elle ; j'aurai plus de force avec mes deux têtes, que j'en avais aujourd'hui avec cinq.
Folle de colère, hurlant rageusement, la bête revint. Ses flammes embrasaient tout sur son passage. D'un coup habile, que lui seul connaissait, Victor trancha les deux dernières têtes.
Près du cadavre de la hideuse créature, tandis que les brindilles achevaient de se consumer, la jeune princesse remercia Victor. Elle voulait le conduire à son père. Celui-ci avait promis à sa fille de lui donner comme mari celui qui pourrait la sauver.
- Non, mademoiselle, je ne vous accompagne pas. Mais donnez-moi votre mouchoir blanc. Je l'emporte avec les sept langues de la bête. Dans un an et un jour, je serai près du roi votre père. Adieu.
Regagnant le palais royal, la princesse rencontra trois charbonniers à qui elle conta son histoire. Ceux-ci étaient trois brigands. Ils lui dirent :
- Si vous ne racontez pas à votre père que c'est nous qui vous avons sauvée, nous vous tuons.
La princesse eut peur et promit ...
Le roi fut tendrement heureux de revoir sa fille ; il félicita les trois hommes des bois et les installa au palais.
- Tu ne peux pas les épouser tous les trois, disait le roi parfois. Mais choisis qui tu voudras ! ...
- J'ai bien le temps ... répondait-elle.
Et souvent le roi se demandait pourquoi sa fille refusait le mariage. Peut-être songeait-elle e 5a4 ncore au brave et doux cavalier qui l'avait si courageusement sauvée. Les charbonniers, à la table royale, s'arrondissaient grassement. Enfin, cédant au pressant désir de son père, la jeune fille fixa le jour de son mariage. Le même jour, un brillant cavalier pénétrait dans la ville en liesse.
- Me direz-vous, l'hôtesse, pourquoi les gens de cette ville, qui, il y a un an et un jour étaient si tristes, sont si gais aujourd'hui ?
- Ah ! mon bon monsieur, dit l'hôtesse, quelle merveilleuse histoire !

Et elle conta l'aventure.
- Trois charbonniers ?... dit Victor. Très bien ! Ils ont été fort courageux !
Et l'hôtesse annonça aussi le mariage. Demeuré seul, Victor appela son chien, à qui il donna un peu de colle magique. Il lui expliqua :
- Tu vas aller au palais. Là, sans te faire prendre, tu pénètreras dans la salle à manger et tu renverseras les tables. Mais, surtout, prends garde à toi !...
Et voilà notre petit chien parti : pata, pata, pata. Il glisse à travers les jambes du factionnaire, passe sous la table et la renverse. Grand branle-bas. Grands cris :
- Qui a fait cela ? C'est inouï !... On n'a vu personne !...
La mariée s'amuse du contretemps. Tout est à nouveau dans l'ordre, quand le petit chien, toujours sur le commandement de son maître, penètre à nouveau dans la pièce. Comme un éclair, il saute sur la table, saisit un plat de bouillie au chocolat et le lance à la tête du 5ac marié. Nouveaux cris !... Mais, cette fois, notre petit chien a été vu. On le suit jusqu'à l'hôtel. Un envoyé du roi demande à voir le propriétaire du chien et se plaint des méfaits qu'il a commis. Le cavalier erst prêt à suivre l'employé pour réparer les dégâts. Tous deux entrent au palais. La mariée l'a reconnu tout de suite et rougit. Le coeur des charbonniers bat désagréablement. L'affaire arrangée, Victor est invité à prendre place parmi les convives.
- Ainsi donc, messieurs, dit-il, c'est vous qui avez tué la bête à sept têtes. Mes félicitations !
- Ils ont eu un grand courage, dit le roi, qui répond à leur place, car ils sont soudain devenus muets.
- Mais (et Victor se tourne vers la jeune fille), mademoiselle, reconnaissez-vous ce mouchoir blanc ?
Et il sort de sa poche les sept langues enveloppées. La princesse se met à pleurer. Et, entre ses sanglots, elle raconte la véridique histoire à son père. Le roi est courroucé : il ordonne qu'on chasse à coups de bâton les trois menteurs. Ils retourneront à leurs meules de bois et de mousse. Ils se souviendront de la bonne table du palais. Quant à Victor, il a épousé la princesse, et l'on assure qu'ils furent très heureux.
Voilà l'histoire de la bête à sept têtes, telle qu'on la conte en Charente, dans la région de Beaulieu-sur-Sonnette, au pays des bois noirs et des loups-garous.

Mathilde MIR, Vieilles Choses d'Angoumois, 1947
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