La maison de mes arrière-grands-parents, laquelle est aujourd’hui en ruine, s’élevait au mas de Couderc, entre Limogne et Cajarc, en Guyenne. C’est à présent un endroit abandonné mais autrefois c’était le lieu de bien des convoitises.
Figurez-vous que, tous les cent ans, un gros sac de Louis d’or apparaissait posé sur le sol du cellier.
Si on ne savait jamais la minute exacte à laquelle il venait là, par contre on n’ignorait pas que le premier qui s’en emparait le gardait pour lui, sans la moindre contestation. Seulement de mémoire d’homme, il n’y eut jamais que le Diable pour s’en saisir avec dextérité à l’heure dite.
On avait beau calculer, se poster, fermer les issues, s’y mettre dix, vingt… toujours sa main se tendait à la seconde même où le sac apparaissait.
Croyez-moi, si mes ancêtres avaient pu le prendre avant le Diable, je ne travaillerais pas si dur aujourd’hui, et je ne vous raconterais certainement pas cette histoire.
Claude Seignolle,Contes, récits et légendes des pays de France