Le mot "borie" qui provient du provençal bori, signifiant "masure, cahute", désigne en français une maison en pierres sèches typique de la Provence, dont le village de Gordes offre les spécimens les plus remarquables. Elles forment tout un quartier, à un kilomètre et demi de l'agglomération. L'ensemble a été transformé dans les années 1970 en musée de plein air. On ignore l'origine de ces très solides constructions de forme conique, parfois pyramidale, qui peuvent atteindre une grande hauteur : les plus grandes ont douze mètres de long et sept de haut. Certaines comportent plusieurs pièces, avec quelquefois une cheminée intérieure et un plancher. Si leur aspect est grossier et leur utilisation d'usage courant (elles ont servi d'habitations saisonnières, de remises, de granges, de bergeries, voire d'abris en cas de pluie), leur technique de construction est tout à fait remarquable. Peu de maçons d'aujourd'hui seraient capables d'élever de telles voûtes en utilisant des pierres aussi grossières. En raison de leur longévité relativement faible, les bories qu'on peut observer à Gordes datent du XVIIIe siècle. Mais, pour la plupart des spécialistes, il est probable que les occupants des lieux savaient utiliser les innombrables pierres plates qui jonchaient le sol depuis les temps les plus reculés et qu'il s'élevait déjà au même endroit de semblables bâtisses durant l'Antiquité, voire dès la période néolithique.