Alphonse Karr, aujourd'hui bien oublié, a joui de son vivant d'une célébrité inimaginable. C'était, peu avant la fin du XIXe siècle, un chroniqueur et un romancier à succès dont tout Paris se disputait la compagnie. A tel point que, lassé de la vie mondaine, il décida de se retirer le plus loin possible de la capitale. Pour ce faire, il choisit la côte méditerranéenne, alors pratiquement déserte. Il s'installa à Nice, mais il y fut reconnu et assailli. Il partit et longea la côte, décidé à ne s'arrêter que lorsqu'il trouverait une retraite absolument inviolable. C'est ainsi qu'il s'arrêta à Saint-Raphaël, qui n'était alors qu'un lieu-dit, et fit construire sur les hauteurs une demeure quasi inaccessible, d'où il jouissait d'une vue imprenable sur la mer et l'Estérel. Alphonse Karr baptisa avec humour son repaire "La Maison close"., Il s'apprêtait à y vivre une existence enfin tranquille, mais la nouvelle s'ébruita et, dans les semaines qui suivirent, tout ce que Paris comptait de personnalités débarqua sur place pour le trouver. Les uns et les autres furent alors si enchantés par le cadre et le climat qu'ils voulurent y rester. Un architecte ayant le sens des affaires, Félix Martin, s'occupa d'acheter et de revendre les terrains, d'édifier les villas et les édifices publics, de tracer les rues. C'est ainsi qu'en cinq ans, de 1875 à 1880, une cité nouvelle, sortit du néant. Félix Martin devint son maire et, en 1887, on célébrait la première messe dans son église Notre-Dame-de-la-Victoire. La musique était dirigée par Charles Gounod, une des nombreuses célébrités habitant la ville.