A voit Saint-Michel-en-L'Herm, ce coquet village vendéen, aux maisons calmes et ensoleillées, qui attire les touristes à la belle saison, nul ne pourrait imaginer que ces dans ces lieux que se situe la plus triste de toutes les légendes nées de la mer : la procession des noyés.
On l'imagine d'autant moins que Saint-Michel-en-L'Herm se situe à six kilomètres à l'intérieur des terres. Mais, au Moyen-Âge, c'était une île accessible à marée basse, tout comme le Mont-Saint-Michel aujourd'hui. On racontait alors l'histoire suivante : un soir de Noël, un vieux pêcheur du village alla tendre ses filets à minuit. Nul ne s'était jusque-là trouvé à cet endroit du rivage à ce moment précis et il découvrit un spectacle que personne n'avait vu avant lui. Une longue procession d'humains de tous âges marchait en silence sur les flots. Il ne s'agissait pas de vivants, bien sûr, mais des âmes des noyés, qui venaient célébrer entre eux la fête de Noël. Ils allaient par rang d'âge, les plus vieux devant, les plus jeunes derrière. Le plus pitoyable était le dernier, un bambin, qu savait à peine marcher. Il portait une urne de terre cuite presque aussi grosse que lui, qui le faisait trébucher à chaque pas. Comme il passait devant le pêcheur, ce dernier ne put s'empêcher de lui demander ce qui la rendait si lourde. Et l'enfant lui répondit qu'elle contenait toutes les larmes qu'avait versées sa mère.