Aussi incroyable qu’il y paraisse, le Diable n’est pas le seul à pouvoir métamorphoser en liup-garou ; on rapporte des témoignages inattendus :
Un vol, un crime, ont-ils été commis dans la commune ? Vite le curé est averti du fait. Au premier dimanche il lance un émollitoire (monitoire), avertissant le coupable et lui conseillant de réparer sa faute. Le dimanche suivant, deuxième monitoire ; le coupable ne s’est pas fait connaître. Cette fois le curé avertit qu’au troisième rappel, la sentence sera prononcée : sentence terrible, impressionnante. Les femmes nerveuses et enceintes devront s’abstenir d’assister à cette cérémonie. Du haut de la chaire, le prêtre lisait la terrible formule. Puis, après avoir éteint la flamme du cierge, il s’écriait :
- Que l’âme du coupable s’éteigne comme cette lumière !
Au même instant, le condamné, changé en bête, commençait une course effrénée qui devait se continuer pendant sept ans à travers sept paroisses. Il ne pouvait dévoiler son terrible secret sous peine d’un nouveau septennat.
Blessé par une balle bénite, il reprenait sa forme première. Le tireur bienfaisant manquait-il son but ? Le maladroit était immédiatement dévoré par le garou.
Méfiez-vous des bouteilles inconnues que l’on trouve parfois dans les ronciers : on les ouvre par curiosité et…
Ainsi un bûcheron breton trouva deux bouteilles. Il mit un peu de la liqueur que l’une contenait dans le creux de sa main. A mesure que le liquide s’étendait, sa main devenait comme la patte d’un loup ; mais il eut un peu de bon sens et se frotta vite avec la liqueur de l’autre bouteille, et aussitôt sa main revint à son état naturel.
Sylvain Trébucq, Contes, récits et légendes des pays de France