L'église de Ploubalzanec, de construction récente puisqu'elle date de 1906, se distingue par un panneau de bois noir, sur lequel sont écrites en lettres blanches, année par année, les noms des bateaux disparus, de 1853 à 1935. Et, partout autour, on peut découvrir, dans les cimetières ou dans le oratoires, des plaques portant les noms de matelots noyés.
C'est pourtant un peu plus loin, près de la côte, que se trouve le plus poignant témoignage sur la vie tragique des famille de marins.
Au lieu dit "La Croix des veuves", se dresse, non une croix, mais une statue de la Vierge. L'endroit est situé sur un promontoire, qui domine toute la rade de Paimpol. On a, depuis ce lieu, une vue qui s'étend jusqu'à l'horizon, ce qui explique que tous les environs ient été voués à la mort en mer. C'était là en effet que les femmes venaient jeter un dernier regard sur la flotte de pêche partant pour l'Islande. Elles y revenaient quand son retour était annoncé. Elles comptaient alors le nombre des bateaux et, s'il en manquait un ou plus, elles s'efforçaient de reconnaître celui de leurs époux.
Quand elles l'avaient vu, elles couraient, joyeuses, vers le port et il ne restait plus, auprès de la Croix des veuves, que celles qui n'avaient pas aperçu le bon navire. Il y a sans doute peu de lieux qui ont été témoins de tant de douleur.