Edifié en 1856, un peu en amont de l'endroit où se dresse actuellement la tour Eiffel, le pont de l'Alma porte le nom d'une bataille victorieuse de la guerre de Crimée. Tout naturellement, il était orné à l'époque de quatre statues représentant des soldats ayant participé au conflit : un zouave, un grenadier, un chasseur à pied et un artilleur.
C'est le zouave qui devint le plus populaire chez les Parisiens. oeuvre du sculpteur Georges Diebolt, il servit rapidement à mesurer les crues de la Seine. Tant qu'il avait les pieds au sec, tout allait bien, mais, quand il se mettait à barboter, on pouvait commencer à s'inquiéter. Lors de la grande inondation de 1910, il eut de l'eau jusqu'aux épaules.
En 1974, le pont de l'Alma, devenu trop étroit et donnant des signes de faiblesse, a dû être remplacé par un ouvrage moderne. Trois des statues ont été déplacées vers d'autres lieux : c'est ainsi par exemple que le chasseur à pied surplombe désormais l'autoroute A4, à la hauteur de Vincennes. Le zouave, quant à lui, fut réclamé par la municipalité de Gravelines, dans le Nord, qui voulait honorer ainsi un de ses enfants. Car, contrairement à ce qu'on pouvait penser, il ne s'agissait pas d'une oeuvre d'imagination : la statue représente le zouave André-Louis Gody, né à Gravelines en 1828 et mort en 1896.
Mais la ville de Paris a refusé de se séparer de son zouave, qui trône toujours sur l'une des piles du pont. Toutefois, il est désormais placé trop haut pour servir de mesure lors des crues de la Seine.