Chaque Toussaint, avait lieu à Plougastel-Daoulas et, sous une forme un peu différente, dans beaucoup d'autres régions de Bretagne, la fête de l'arbre aux pommes. Bien loin d'être joyeuse, c'était une cérémonie funèbre unissant les vivants dans le souvenir des morts.
Elle se pratiquait par groupes de familles apparentées. On se réunissait dans la ferme de l'une d'entre elles. D'abord, les jeunes filles circulaient entre les participants, vendant des nèfles et des pommes. Ensuite, les hommes âgés distribuaient un pain spécialement préparé par le boulanger et bénit par le curé, le pain des morts.
Venait ensuite la mise aux enchères de l'arbre aux pommes. Il ne s'agissait pas d'un pommier, mais d'un arbuste dénudé sur lequel étaient fichées une trentaine de pommes. Les enchères étaient purement conventionnelles ; l'cheteur était désigné d'avance, chaque famille devant acquérir l'arbre à tour de rôle. Le reste de la journée était alors consacrée à une veillée funèbre, au cours de laquelle on évoquait le souvenir des défunts. Ensuite, chacun rentrait chez soi et le possesseur de l'arbre aux pommes le gardait jusqu'à l'année suivante.
Il s'agit là de rites immémoriaux, bien plus anciens que le christianisme, qui n'a placé la Toussaint le premier jour de novembre que pour masquer la fête païenne des morts. C'était la veille, le 31 octobre, qu'avait lieu la nuit gauloise de Samonios, appelée Samain en Irlande, qui célébrait l'arrivée de l'hiver et le culte des disparus. Le souvenir s'en est pêrpétué dans le pays anglo-saxons sous le nom d'Halloween.