L'île de Sein, cette terre de 56 hectares au large de la pointe du Raz, qui culmine à 8 mètres seulement, est assurément un des lieux les plus énigmatiques de Bretagne. Son nom même pose problème. les spécialistes divergent sur son origine, mais sont d'accord sur un point : il n'a rien à voir avec le sein de la femme. Cela n'empêche pourtant pas les lieux d'avoir été dès l'origine voués à la féminité. L'historien latin Mela écrit au 1er siècle de notre ère : "Sena est célèbre par ses prêtresses. On dit qu'elles sont au nombre de neuf. Les Gaulois les nomment Sènes. Ils pensent qu'elles peuvent, par leurs incantations, déchaîner les tempêtes et se métamorphoser selon leur caprice en toutes sortes d'espèces d'animaux." Par la suite, malgré la christianisation, cette tradition s'est maintenue. Au XVIe siècloe, un religieux venu prêcher dans l'île déplore que les habitants continuent à s'adonner aux rites païens.
"C'est une coutume reçue dans l'île de Sein, écrit-il, de se mettre à genoux devant la nouvelle lune et de réciter en son honneur l'oraison dominicale. Trois femmes héritières des druidesses antiques y enseignent encore le culte du soleil considéré comme Dieu le Père. Elles trônent sur des pierres très anciennes, les Pierres de Kador, ce qui, en langue bretonne, signifie siège."
A l'époque moderne, c'est pourtant grâce à sa population masculine que Sein s'est illustrée. En 1940, après avoir entendu l'appel du général de Gaulle, tous les hommes sans exception ont gagné la Grande-Bretagne sur leurs bateaux. Leur geste a valu à l'île la croix de la Libération.
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