Les habitants de Saint-Jean-de-Boiseau, au bord de la Loire, à 15 kilomètres en aval de Nantes, avaient, au XIXe siècle, le monopole de fabrication des courtines. Ces nattes de roseau servaient à tapisser les murs des maisons et, sur les voiliers, à emballer la marchandise ou à confectionner de grossières couchettes.
La récolte avait lieu à l'automne et se révélait particulièrement pénible. Les habitants de Saint-Jean devaient passer une partie de la journée dans l'eau et dans la boue jusqu'aux genoux, parfois jusqu'à la ceinture. Ils cueillaient les roseaux à l'aide d'une faucille spéciale et les réunissaient en bottes.
La confection des courtines se faisait en famille, à la veillée. La première opération consistait à couper des tiges d'égale longueur et à les enttoyer de leur écorce. Puis, avait lieu l'ouverture du roseau, effectuée avec une courte lame fixée sur un manche de bois ; on tranchait ainsi la tige sur toute sa longueur.
La troisième opération était la spécialité des enfants, qui dansaient sur les tiges avec leurs sabots, pour les écraser et les assouplir. Enfin, la dernière opération, qui s'appelait "courtiner", était réservée aux femmes. Il s'agissait, en réunissant les roseaux quatre par quatre et en les entrelaçant, de tisser la natte proprement dite.
Malheureusement pour Saint-Jean la fabrique des courtines ne résista pas à la concurrence des textiles modernes et disparut après la guerre de 14.