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 La jument blanche

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Joa
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Joa


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MessageSujet: La jument blanche   La jument blanche EmptyVen 22 Sep - 8:21

Ce conte est reproduit ici tel qu'il était dit en 1875 par un conteur de Saint-Jean-de-Luz. On pourra cependant reprocher au tyranscripteur de ne pas avoir "nettoyé" un peu mieux ce texte, sans doute par souci d'en garder le pittoresque.

Un roi avait trois filles. Il dit à la plus jeune de lui chercher derrière l'oreille, qu'il y sentait quelque chose. Elle cherche et trouve un petit pou. Son père lui dit :"Eh bien ! qu'est-ce ? - Rien ! - Tu ne dis pas la vérité ; il y a quelque chose." Et Fifine lui répète qu'elle n'a rien trouvé. Le père se met en colère tellement, en affirmant qu'il y avait quelque chose, qu'elle lui dit que c'était un petit pou, mais qu'il était rentré sous son ongle. Il le lui retire et le met dans un pot. Le pou y grossit tant, qu'il fit éclater le pot. On le mit dans une barrique ; mais au bout de quelques jours il la fit éclater aussi. Le roi fait venir quatre bouchers, et leur dit de tuer cette bête et de l'écorcher. On le fait. Le roi met la peau du pou à sécher sur la fenêtre, et fait crier que celui qui reconnaîtra de quel animal c'est la peau (car elle pendait à la fenêtre) pourra avoir une de ses filles pour femme. Des hommes vinrent de tous les côtés ; mais personne ne pouvait reconnaître cette peau.
Il apparaît un homme tout couvert d'or, qui dit : "Ceci est la peau d'un pou qui a grandi dans une barrique." Le roi lui dit que oui, et qu'il vienne quand il voudra pour choisir une de ses filles. Il répond qu'il viendra après-demain.
Le roi était tout étourdi et disait que, même s'il ne l'avait pas promis, il lui aurait donné une de ses filles bien volontiers. Le roi fait préparer un beau dîner ; il envoie Fifine au chai pour tirer du vin vieux. Comme elle passait devant l'écurie, la jument blanche lui dit : "Ah ! Fifine ! prends garde à toi ; le monsieur qui va venir dîner avec vous est le Diable, et c'est toi qu'il choisira ! Ton père voudra te donner de l'argent quand tu partiras ; mais ne le prends pas, et dis-lui que tu ne veux rien que la jument blanche ; même s'il se fâche, dis-lui que tu ne partiras pas sans la jument blanche."

Fifine était très attristée, et elle ne s'habilla point pour se mettre à table. Ses soeurs s'étaient mises comme des poupées. Ce monsieur arrive, et le roi se met en colère en voyant que sa fille préférée n'est pas habillée, et lui demande comment donc elle ne s'est pas habillée. Et Fifine lui répond : "Si je dois me marier, je plairai à ce monsieur aussi bien avec mes vêtements ordinaires." Et en effet, elle lui plut ainsi, et ce fut elle qu'il dit qu'il choisissait. Il se marient, et l'on fait de grandes fêtes. L'épouse se met au lit, et le mari passe la nuit assis, appuyant seulement sa tête sur le traversin.
Ils devaient partir le lendemain. Le père de Fifine lui dit de prendre dans son trésor autant d'argent qu'elle voudrait. Fifine lui répond qu'elle n'a pas besoin d'argent ; que son mari en a beaucoup, mais qu'il devrait lui donner la jument blanche qui est à l'écurie. Le père dit que non ; que cette jument a été laissée pour lui par sa mère quand elle est morte, et qu'il ne la lui donnera point. La fille répond : "Alors, je ne veux pas aller avec mon mari ; qu'il parte tout seul !" Son père, voyant cela, lui dit qu'elle prenne donc la jument. Ils partent. Le mari lui dit d'attacher la jument derrière la voiture. La jument avait déjà dit à Fifine de ne pas demeurer derrière ; qu'elle devait toujours être devant, et de dire à son mari que sa jument irait aussi vite que les chevaux. Le mari, voyant qu'il n'était pas possible de la faire aller derrière, la laisse devant, et ils vont l'un et l'autre aussi vite que l'éclair.
Quand ils ont fait beaucoup de chemin, la jument frappe la terre, qui s'ouvre en deux, et dit : "Entre là-dedans pour sept ans !" et le mari-Diable y entra avec sa voiture. Elles repartent en avant, et la jument dit : "Fifine, pour sept ans tu auras la paix." Elle ajoute qu'il n'est pas convenable qu'une jeune dame aille toute seule : "Voici des vêtements de prince." Fifine s'ahbille ainsi en homme, puis elle repart, toujours en avant, avec la jument. Elles se fatiguent en courant toujours ainsi, et, en passant devant un château, la jument lui dit : "Si nous nous arrêtions ici ? Il y a là un jeune prince qui vit avec sa mère ; tu l'épouseras." Ils y vont, et le faux prince demande si on veut le prendre quelque temps comme pensionnaire. On lui dit que oui, avec plaisir. Il était étourdissant de beauté. Notre prince lui-même avait soin de sa jument.
Le fils de la maison dit un jour à sa mère : "J'ai fait un rêve ; il me semble que ce prince est une fille." Sa mère lui répond : "Où as-tu pris cela ? Il n'en est certainement pas ainsi ; mais pour t'en assurer, demande-lui demain s'il veut aller avec toi à la foire. Si c'est une fille, il s'arrêtera devant les belles robes ; si c'est un garçon, il n'en fera aucun cas." La jument blanche dit au prince ce qu'on va lui dire, et lui recommande de prendre bien soin à ne pas s'arrêter devant les belles robes, mais d'aller là où seront les fusils, les sabres et les pistolets, et d'y prendre plaisir. Ils vont donc à la foire, et ce monsieur la mène tout droit à l'endroit où sont les vêtements de dames ; mais le prince lui dit : "Laissons ceci aux femmes", et, lui montrant un endroit où il y avait des sabres et des fusils : "Allons là ; nous y prendrons plus de plaisir." Quand ils rentrent à la maison, le jeune homme dit à sa mère : "Il n'a fait aucune attention aux robes, et nous sommes demeurés avec les fusils et les pistolets."

Mais il dit encore à sa mère le lendemain : « Mère, j’ai rêvé que notre prince est une fille. » La mère lui dit : « Allez voir telle pièce de terre plantée en lin, et quand le prince verra que ton cheval foule cette pièce de lin, il te dira de prendre garde de ne pas la fouler, et ce sera le signe que c’est une fille. » La jument blanche dit à son prince ce qu’on propose de lui faire, et qu’elle fasse abîmer beaucoup de lin à sa monture. Le jeune monsieur l’invite à aller voir avec lui cette belle pièce de lin. Le prince lui dit que oui. Ils partent, et le cheval du prince fit plus de malheur que le cheval du monsieur, et le jeune homme dut rebrousser chemin avant de tout détruire. Il revient à la maison et dit à sa mère : « Ce n’est pas une fille, non, car il aurait foulé tout le champ si je l’avais laissé faire. »
Le lendemain, il rêve encore que c’est une fille. Il le dit à sa mère, et la mère lui dit : « Allez vous baigner ensemble ; si c’est une fille, elle ne se baignera sûrement pas. » La jument dit à son prince ce qu’on doit lui proposer, et qu’il aille se baigner ; qu’il se déshabille tout de suite, et qu’alors elle ira sur l’étalon de ce monsieur et le saisira par le cou, à un point tel qu’ils seront forcés de venir les séparer, et qu’ainsi ils ne se baigneront pas. Le lendemain, ce jeune homme lui demande s’il veut venir se baigner avec lui. Le prince répond que oui, bien volontiers. Ils vont, et le prince se déshabille vite, vite, jusqu’à la chemise, et alors la jument prend l’étalon par le cou ; elle l’aurait étouffé, lui faisant sortir la langue de deux verges (aunes), si les deux messieurs n’étaient pas venus les séparer. Ils laissent leur bain et reviennent à la maison, et le jeune homme dit à sa mère que c’est sûrement un garçon, car il s’est mis tout de suite en chemise, sans aucune espèce de honte.

De nouveau, après qu'il se fut passé une nuit, il lui dit qu'il a rêvé que c'est une fille. La mère lui dit qu'ils doivent aller à la pommeraie, et que si beaucoup de fleurs lui tombent dessus, ce sera une fille. La jument blanche prévient le prince de ce qu'on se propose de faire. Le lendemain, le jeune homme lui demande s'il veut venir voir leur pommeraie. Il leur dit oui. Lorsqu'ils y furent arrivés, toutes les fleurs des pommiers allaient sur ce jeune homme. La jument aussi s'était mise là à souffler, et le prince n'avait pas eu seulement une fleur. Ils reviennent à la maison, et le jeune homme raconte à sa mère comment il avait été couvert de fleurs, et que le prince n'en avait pas eu seulement une.
Le fils rêve de nouveau que c'est une fille. La mère ne savait que penser et lui dit : "Moi, je lui demanderai de coucher avec moi, et alors je m'en assurerai. Si c'est une fille, vous vous marierez ; si c'est un homme, je le ferai avec lui." Cette dame dit donc au prince s'il voulait coucher avec elle. Le prince lui dit que oui, certainement. Quand le soir est venu, ils vont au lit tous les deux. La dame lui touche les seins et les trouve durs, durs ; elle allume la lumière pour mieux s'en assurer, et voit que c'est véritablement une fille. Elle va dire à son fils que le prince sera là pour lui s'il veut ; que c'est vraiment une fille, et bien charmante et bien faite.
Le jeune homme la demande donc tout de suite pour femme. Cette dame aussi le veut. Ils se marient au milieu de fêtes superbes.
Après le mariage, la jument blanche dit à l'épouse qu'elle n'a plus besoin d'elle et qu'elle voudrait aller à l'autre monde. Mais avant de partir, elle lui donne un chirola (chirola, chirula, sorte de flageolet rustique) et lui dit : "Si tu es peinée en quoi que ce soit, il te suffira de jouer de ce chirola, et je viendrai tout de suite pour t'aider." La jument s'en va.
Le monsieur et la dame vécurent très heureux avec leur mère, et avec le temps ils eurent deux garçons. Ils étaient déjà grandelets, lorsqu'arriva la nouvelle que tous les hommes devaient aller à la guerre. Cette nouvelle les attrista beaucoup, et le monsieur reçut aussi de la cour l'ordre de partir. Toute la famille est dans un grand chagrin, mais il faut aller. Le père part.
Quelques temps après, les sept années sont écoulées, et voici que les temps de notre Diable sont accomplis. Il sort de l'enfer et va à l'endroit où était sa femme. Elle se trouvait à regarder ses garçons ; ils s'exerçaient tous les deux au sabre ou à l'épée. Il entre dans cette maison. Il va à sa femme et lui dit : "Suis-moi à l'instant ; au lieu d'une, je vais en avoir trois." La belle-mère était là quand arriva ce vilain et terrible monsieur. Elle eut tellement peur qu'elle ne put dire un mot. Ils partent donc en silence et vont, vont, vont. Quand ils furent arrivés dans une forêt noire, cette dame vit trois gibets préparés, et pensa tout de suite qu'ils étaient pour elle et ses enfants. Son mari lui dit : "Voilà où et comment tu dois mourir." La dame lui dit alors : "A quelqu'un qui va mourir on ne refusera rien ; laissez-moi, je vous prie, jouer un peu de ce chirola à mes enfants." Il lui répond : "Oui, oui, tu peux le faire." Elle se met à jouer du chirola, et à peine a-t-elle commencé qu'apparaît la jument blanche. Elle dit à ce terrible Diable : "Tu n'auras pas, non, toi, ce que tu veux ; je suis ici, moi, pour l'aider", et ajoute : "Terre, par toi-même, ouvre-toi, et retiens pour jamais ce terrible Diable dans tes entrailles." Dès qu'elle a dit cela, la terre s'ouvre, et le Diable s'y engloutit pour jamais. La jument dit à la dame : "Maintenant, tu n'as plus à avoir peur de lui ; il est parti pour jamais, et maintenant nous irons à ta maison avec tes enfants." Fifine lui répond : "Non, non, je ne m'aventurerai jamais à paraître dans la maison de mon mari ; ma belle-mère m'a vue sortir à la suite de cet homme, et que dirait-elle ?" Alors la jument lui donne un petit bâton et lui dit : "Touche la terre avec cela, et il se produira une belle maison, avec tout ce qu'il faut dedans, et, devant, une fontaine d'or éblouissante." La jument s'en va après l'avoir laissée bien.

La guerre est finie ; le monsieur revient chez lui, et pensez sa peine ! Il dit à sa mère que, s'il ne trouve pas sa femme, il mourra et qu'il se tuera lui-même. Il part tout de suite et va, va, va, et arrive dans une forêt. Là que voit-il ? Trois potences. Il pense tout de suite que sa femme a été pendue là, et aussi ses deux enfants, et il se dit qu'il doit à son tour se pendre là même. Il monte. Au moment où il va passer sa tête dans le noeud il voit de loin quelque chose qui brille beaucoup et se dit : "Il est mieux que j'aille d'abord voir ce qu'il y a là ; ensuite, j'aurai toujours ici cette potence." Il descend et va jusqu'à ce qu'il trouve ce qu'il a vu, et arrive ainsi devant un beau château. Il entre et demande un verre d'eau. La dame le lui donne et reconnaît tout de suite son mari, et lui demande s'il ne la connaît pas. Il lui dit que oui, et ils s'embrassent avec grand plaisir. Fifine lui raconte toute son histoire, comment elle a été mariée avec ce diable et comment cette chère jument blanche l'a toujours aidée, et comment elle lui est demeurée fidèle, et que jamais elle n'a rien eu avec ce Diable et qu'il ait plus de foi en elle. Fifine joue de nouveau du chirola, et la jument apparaît, qui raconte l'histoire tout à fait comme Fifine l'a dite, et, ayant pris la forme d'une colombe, s'en va aux cieux dans les airs.

Le monsieur lui dit qu'ils doivent revenir à la maison de sa mère, car celle-ci est sans doute aussi en grande peine ; mais la dame lui dit qu'il serait bien mieux qu'ils demeurassent là même, qu'ils n'y manqueraient de rien avec la fontaine d'or, et qu'il aille seul chercher sa mère, et qu'ils vivront tous là. Le mari partit aussitôt, amena sa mère et revint, et ils vécurent très heureux. Et s'ils vécurent bien, ils moururent bien.

Wentworth Webster et Julien Vinson, Contes, récits et légendes des pays de France
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