(Chanté)
Ma femme joue du violon,
La servante du rigodon
Et le curé de la flûte (bis) !
Voilà la femme qui tombe malade ; du moins elle ne l'était pas malade, elle faisait la malade ; elle faisait semblant d'être bien malade, bien malade !
- Ah ! mon pauvre homme, qu'elle dit à son homme, i vas mourir !
- Ah ! ma pauvre femme, i faut prendre courage ; tu n'en mourras pas, ah !
- Si tu veux qu je guérisse, faut aller me chercher de l'eau de la mer ; sans ça, t'es sûr qu'i n'en reviendrai pas !
Voilà ce pauvre homme bien décidé à partir. Il prend un couple debouteilles pour aller chercher de l'eau de la mer. (Autrefois, c'était pas comme aujourd'hui, il fallait du temps pour aller joindre la mer !) Allons ! voilà mon homme parti, en disant :
- En vlà pas pour moins de quinze ou seiez jours !
Dans son chemin, il rencontre un marchand, et qu'était accoutumé de loger chez lui d'autres fois.
- Ah ! bonjour, mon ami ! (l'appelait bien par son nom, il le connaissait bien sans dout, mais moi je ne le sais pas).
- Et où que vous allez comme ça ?
- Mon cher monsieur, ma femme est bien malade ; et elle me dit qu'il lui faut absolument de l'eau de mer pour la faire guérir.
- Eh ! qu'il dit, n'allz donc pas plus loin ! Venez donc avec moi seulement ; votre femme guérira bien sans ça.
Les voilà à s'en retourner tous les deux à la maison. Voilà, en arrivant à la maison, il a mis le maître de la maison dans le panier. En ce temps-là, on transportait les marchandises à dos de mulets, dans de grands paniers longs, que l'on suspendait de chaque côté du bât. Et le marchand est arrivé à la porte ; il a demandé à loger comme il était accoutumé.
- Allons, que dit la femme, allons, descendez !
Il descend, défait les paniers, les entre à la maison.
- I veux entrer mes paniers à la maison, parce qu'i y a de la marchandise dedans qu'est très dangereuse.
D'abord qu'ils furent entrés, ils virent un dîner, qui était apprêté. Le curé était là, ah ! Quand ça été temps, ils se sont mis à table, M. le curé et la femme et le marchand ; et la servante servait, comme bien entendu.
Voilà quand ils eurent bien dîné, qu'ils commençaient à avoir les oreilles échauffées ; voilà le curé qui dit :
- A présent, il faut dire à chacun notre chanson.
- Ah oui ! que dit le marchand. Commencez, monsieur le curé !
- Non ! c'est la maîtresse de la maison ; c'est madame qu'il faut qu'elle commence.
Allons, la voilà qui commence sa chanson :
Mon mari s'en est allé,
A la mer s'en est allé (bis),
Collin, Collet !
Qu'i puisse jamais retourner
Dans sa maison !
- Allons ! A vous, monsieur le curé !
Je connais bien dans sa maison
Une femme à l'abandon (bis),
Collin, Collet !
Une femme à l'abandon
Dans sa maison !
- Allons ! au tour du marchand, à c't'heure ! Allons, marchand à votre tour !
Dans mon chemin j'ai rencontré,
Dans mon panier j'ai ramené,
Collin, Collet !
J'ai ramené
Dans sa maison !
- Allons ! au tour de la servante.
Je connais bien à son parler.
Oh ! que mon maître est retourné
Collin ! Collet !
Oh ! que mon maître est retourné
Dans sa maison !
- Allons ! A présent, messieurs, faut faire chanter mon panier. La troisième fois mon panier chantera. Chante, panier ! chante, panier ! chante panier !
Oh ! si je sors de mon panier
Le curé je rabattrai
Collin, Collet !
Le curé je rabattrai
Dans sa maison !
Il s'arrache du panier, attrape un bâton, un billon de corde, et puis tape sur le curé, et tape et tape ! Il massacra le curé, le laissa pour mort et puis se mit à taper sur la femme.
Léon Pineau, Contes, récits et légendes des pays de France
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