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 Le diable et Pipette

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Joa
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Joa


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Le diable et Pipette Empty
MessageSujet: Le diable et Pipette   Le diable et Pipette EmptyLun 3 Sep - 9:11

Pipette, métayer du Diable, avait déjà eu de nombreux différends avec son patron qu'il grugeait à plaisir, disant à qui voulait l'entendre que ce n'est pas tromper que tromper un trompeur.
C'est le même Pipette qui, ayant ensemencé son champ en blé, avait demandé à son patron s'il voulait pour sa part ce qui poussait en dessus ou en dessous de la terre. Distrait ou ignorant, le Diable avait répondu : "Ce qui vient dans la terre."

Et le malin Pipette avait récolté tous les épis alors que son maître présentait au marché les racines de blé invendables. On s’était bien moqué de lui et depuis on avait pas oublié sa bêtise.
Selon l’usage, la récolte suivante avait été plantée en pommes de terre. Lorsqu’il avait fallu choisir, le Diable avait répondu : « Ce qui vient sur la terre », et il n’avait pu vendre les tiges, alors que son métayer écoulait facilement une grosse récolte de pommes de terre. De pleins tombereaux, disait-on.
Aussi, après cela, tout en faisant bouillir la « baccade » (la bouillie pour les cochons), Pipette redoutait-il de recevoir une bonne volée de son patron.
Le Diable arriva.
Sans être aperçu de lui, le malin métayer sortit tout le bois du foyer et le jeta au loin, puis il prit un fouet.
- Pipette, dit le Diable en colère, tu m’as encore trompé.
- Ce n’est psa ma faute, patron, pleurnicha Pipette, c’est vous qui avez choisi.
Le Diable qui n’était pas un mauvais bougre se calma et demanda :
- Voyons, que fais-tu présentement ?
- Je fais bouillir ma toupi d’algo (bassine d’eau) avec mon fouet.
- Mais, tu n’as pas besoin de bois pour faire ton feu ?
- Non, c’est une économie.
- Veux-tu me vendre ton fouet, Pipette ?
- Si vous voulez, patron. Vous savez bien que je ne vous refuse jamais rien.
Le Diable acheta le fouet de Pipette et rentra chez lui. En arrivant il dit à sa femme :
- J’ai fait une bonne affaire.
- Comme toujours, répondit-elle, sans demander à voir son acquisition.
Le Diable remplit une chaudière d’eau et fit claquer son fouet. Il se donnait bien du mal et tournait autour comme un damné, pour rien, car l’eau ne voulait pas bouillir.
- Ah ! Pipette m’a encore trompé.
Il repartit sur-le-champ trouver son métayer.
- Tu m’as encore trompé, Pipette, tu vas me payer ça.
- Mais, patron, c’est vous qui avez voulu m’acheter mon fouet.

En disant cela, Pipette finissait de fermer quelques gros sacs qu'il venait de remplir.
Le Diable était si curieux qu'il se calma et demanda :
- Que fais-tu en ce moment ?
- Vous le voyez : j'ai rempli ces sacs de laine et je vais aller les vendre à la foire.
- Veux-tu me vendre ta laine, Pipette ?
- Eh bien, puisque vous la voulez, la voilà.
Le Diable lui donna tout ce qui lui restait dans sa bourse et rentra chez lui. En arrivant, il dit à sa femme :
- J'ai fait une bonne affaire !
- Comme toujours, répondit-elle, en haussant les épaules.
- Cette fois, c'est une bonne affaire, regarde la belle laine que j'ai achetée à Pipette.
Il vida les sacs, mais au lieu de laine, ils ne contenaient que de la mousse.
Il repartit sur-le-champ trouver son métayer.
- Tu m'as à nouveau trompé, Pipette, tu vas me payer ça.
- Mais, patron, c'est vous qui avez voulu me l'acheter !
En disant cela, il courut derrière la haie.
Le Diable était si curieux qu'il se calma et suivit pour voir ce que son métayer allait faire. Lorsqu'il fut derrière la haie, il poussa un cri. La femme de Pipette était raide morte et Pipette riait en se tenant les côtes.
- Pourquoi ris-tu Pipette, tu vois bien que ta femme est morte ?
- Je le sais bien, puisque c'est moi qui l'ai tuée.
- Oh ! malérou !
- Pas si malheureux que ça, car je peux la ressusciter quand bon me semble.
Il sortit un sifflet de sa poche et se mit à siffler de toutes ses forces.
- Turlututu... turlututu...
Aussitôt sa femme se leva et se mit à rire en voyant la mine déconfite que faisait le Diable.
- Pipette, il faut absolument que tu me vendes ton sifflet. Je t'en donnerai le prix que tu voudras.
- C'est que j'en veux beaucoup.
Le Diable lui donna tout ce qu'il possédait en terres et or et se dépêcha d'aller montrer à sa femme la merveilleuse acquisition qu'il venait de faire.
- J'ai fait la meilleure de ma vie ! lui dit-il.

- Comme toujours, répondit-elle.
- Laisse-moi faire et tu verras ce que tu n'as jamais vu.
Il prit un long couteau et l'enfonça entre les épaules de sa femme qui s'écroula raide morte.
- Maintenant, tu vas voir, dit-il en riant.
Il tira le sifflet de sa poche et se mit à siffler comme un sourd.
Mais la pauvre femme resta allongée dans son sang et ne ressuscita pas.
- Pipette est un brigand, il mérite la mort, gémit le Diable. Je vais me venger sans pitié.
Il partit sur l'heure trouver son métayer. Arrivé à la ferme, il ne le vit pas.
- Pipette, où es-tu ? cria-t-il à tous les échos.
La femme de Pipette se montra. Elle pleurait.
- Ah ! dit-elle, mon pauvre Pipette est bien malade. Il est au lit, je le veille.
Le Diable monta dans la chambre de son métayer et vit qu'il dormait. Il prit un sac, le mit dedans et, malgré sa femme qui voulait l'empêcher de sortir de la maison, il alla droit à la rivière en traînant le sac.
Arrivé sur le bord de l'eau, il s'arrêta un moment pour reprendre son souffle puis il eut envie de faire un besoin. Il se mit derrière un arbre.
Pendant qu'il était absent, vint à passer un marchand de cochons. Quand il aperçut le sac, il s'approcha pour en tater le contenu.
- Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir là-dedans ? dit-il tout haut.
- C'est moi.
En entendant une voix humaine, l'autre fit un bond en arrière.
- Qui ça ? demanda-t-il encore.
- Pipette. On veut me jeter à l'eau pour aller voir la fille du roi. Elle a beau être plus belle que le jour, je n'en veux pas pour femme.
- Je veux bien prendre ta place si ça t'arrange.
- Si ça te fait vraiment plaisir, je te la cède.
Le marchand de cochons s'empressa d'ouvrir le sac et prit la place de Pipette qui partit avec le troupeau de cochons.
Lorsque le Diable revint, il ne s'aperçut de rien et jeta le sac à l'eau en criant :
- Un, deux, trois... Tu vas aller au fond et tu ne me tromperas plus.
Pour revenir, le Diable passa devant Pipette. Quelle ne fut pas sa stupeur de voir son métayer en train de sommeiller béatement sur le seuil de la maison.

- C'est toi, Pipette ? dit le Diable qui n'en croyait pas ses yeux.
- Oui.
- Comment as-tu fait pour revenir du fond de l'eau ?
- Je n'ai eu qu'à le désirer. De plus, j'ai ramené un troupeau de cent cochons. Si seulement j'avais eu une corde a cou, et une pierre au bout, j'en aurais attrapé bien davantage. Mais on ne peut pas tout prévoir.
- Je veux y aller tout de suite, dit le Diable en voyant là une source de richesses.
Pipette mit le Diable dans un sac avec une corde au cou et une grosse pierre au bout. Il chargea le sac sur son dos et courut le jeter dans la rivière.
- Un, deux, trois..., te voilà mort.

Claude Seignolle, Contes récits et légendes des pays de France
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