Le couvent des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, au nord de la Colombie, se situe dans une zone où opèrent les FARC, guérilleros tristement célèbres pour leurs enlèvements. Mais jusqu'au début de l'année 2006, l'établissement religieux avait réussi à se tenir à l'écart des violences. Il était considéré par les révolutionnaires et par les forces gouvernementales comme une sorte de terrain neutre. Des libérations d'otages ont même eu lieu par son intermédiaire. C'est dire la consternation de la mère supérieure, lorsque, début février 2006, elle reçoit au courrier une lettre signée des FARC exigeant "le versement rfapide et en liquide, au titre de l'impôt révolutionnaire, de 150 millions de pesos" (environ 55 000 euros). C'en est donc fini de cette neutralité si précieuse. Car il n'est, bien sûr, pas question de céder. La mère supérieure prévient les autorités. Celles-ci réagissent rapidement. Le message fait état d'un "versement rapide" et les guérilleros peuvent arriver à tout moment. Les soeurs de Saint-Vincent-de-Paul voient donc débarquer toute une escouade de religieuses plutôt particulières. Si elles ont le même uniforme que le leur, elles portent dessous des gilets pare-balles et dissimulent sous leurs jupes grenades et mitraillettes.
Le moment crucial ne tarde pas à arriver : un petit groupe se présente au nom des FARC. Mais au lieu de l'affrontement sanglant qu'on pouvait redouter, les bonnes soeurs guerrières se rendent maîtresses de leurs adversaires sans tirer un coup de feu. Vérification faite, il ne s'agissait pas des révolutionnaires, mais d'une bande de petits malfrats dirigée par l'ex-jardinière du couvent, furieuse d'avoir été renvoyée. la guérilla n'était pour rien dans l'histoire et les soeurs de Saint-Vincent-de-Paul pourront continuer leur rôle d'intermédiaires humanitaires.
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