Le Home Office, le ministère britannique de l'Intérieur, vient de déclasser des archives jusqu'à présent tenues secrètes. Au nombre des documents accessibles au public, figure une longue correspondance administrative qui en dit long sur les moeurs saugrenues de nos voisins d'Outre-Manche.
Par courrier en date du 3 juin 1929, le trésorier du ministère accorde un crédit spécial destiné à entretenir un "chat efficace" pour dératiser les bâtiments. Peter, c'est le nom de la recrue, s'acquitte si bien de sa tâche que, trois ans plustard, son allocation est multipliée par six. Ayant atteint l'âge de la retraite après dix-sept ans de loyaux services, Peter est envoyé ad patres pour solde de tout compte. Il est aussitôt remplacé dans ses fonctions par un autre chat, prénommé également Peter en l'honneur du cher disparu, puis un autre. A un admirateur qui s'enquiert de la taille du cou de l'animal pour lui offrir un collier, le ministère répond, en 1958, que le chat étant "un fonctionnaire à part entière", il n'est pas "autorisé à recevoir des cadeaux". A un autre qui, plus tard, sollicite que le félin soit "reclassé et promu" pour services rendus à la Couronne, le hiérarchie fait savoir par écrit que "la modestie de la fonction de chasseur de rats rend cette promotion impossible".
A l'heure des compressions budgétaires dans les services publics de Sa Majesté, on ignore si le poste occupé par les successeurs de Peter a été maintenu. Quoi qu'il en soit, cette correspondance porte bien la griffe de l'humour britannique !