La chronique latine du moine Richer, composée vers l'an 990, renferme une anecdote concernant la rivalité de deux médecins. Le premier, évêque d'Amiens, se nomme Deroldus. Le second, Carlus, est originaire de Salerne.
Un jour, les deux savants se trouvent réunis à la table de Louis IV. La discussion dégénère en une violente querelle : Carlus, furieux de n'avoir pas su expliquer les noms grecs donnés à quelques branches de la médecine, décide de se venger.
Invité de nouveau à déjeuner chez le roi avec son adversaire, il s'enduit de poison l'ongle du majeur et le plonge dans la sauce où l'un et l'autre trempent leurs morceaux. Aussi à peine Deroldus a-t-il goûté au plat qu'il se sent malade. Soupçonnant son rival de l'avoir empoisonné, il s'administre une potion de sa fabrication et se rétablit en trois jours.
Mais, quelques semaines plus atrd,la scène se répète. Cette fois, c'est au tour de Deroldus de dissimuler du poison entre son petit doigt et son index et de contaminer la nourriture de son rival. Empoiisonné à son tour, Carlus recourt en vain à toutes les ressources de son art et est obligé, pour échapper à la mort, d'implorer le roi d'intervenir. Cédant à la requête de Louis IV, Deroldus guérit son ennemi. Mais - à dessein - imparfaitement : le mal se fixe sur un des pieds du malheureux, qui doit être amputé.
Plus de mille ans après les faits, les moeurs médicales se sont, fort heureusement, pacifiées !
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