La grotte de Gargas, près d'Aventignan, au coeur des Pyrénées, a longtemps été l'objet de légendes passablement effrayantes. Elle a été également réputée avoir abrité un repaire de brigands. Mais depuis qu'elle a été explorée plus avant, elle est au centre d'un mystère qui n'est pas moins inquiétant. Ses parois sont couvertes de plus de cent cinquante représentations de mains d'époque préhistorique. les dessins ont été obtenus en appliquant la main contre le mur et en l'entourant d'ocre rouge et de noir de manganèse. Les matières colorantes étaient soufflées dans un tube, selon la technique du pochoir. or la quasi-totalité de ces mains sont mutilées. Il manque parfois un doigt entier, parfois une phalange, parfois plusieurs. Les ethnologues ont beaucoup discuté de ce phénomène. Certains penchent pour une pratique funéraire sanglante, comme on en a observé chez les papous de Nouvelle-Guinée et aux îles Fidji. dans ces peuplades, les veuves se coupent un doigt ou une phalange à la mort de leur mari. D'autres affirment, au contraire, qu'il ne s'agit pas de mutilations. Les mains n'auraient pas été plaquées contre la paroi du côté de la paume, mais du dos et les intéressés auraient relevé un ou plusieurs de leurs doigts, entièrement ou en partie. la raison de cette façon d'agir serait, dans ce cas, inconnue. D'autres pensent enfin que ces populations auraient été affligées d'une maladie mutilatrice, du type lèpre ou scorbut. Il se serait agi alors d'un rite magique, destiné à obtenir la guérison.