Chez Nous
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Chez Nous

Tu entres, ici dans un havre de paix ...
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment : -19%
Aspirateur balai Dyson V15 Detect Absolute (2023)
Voir le deal
649 €

 

 La dinde en pal

Aller en bas 
AuteurMessage
Joa
Admin
Admin
Joa


Nombre de messages : 13100
Age : 76
Localisation : Martigues
Réputation : 0
Date d'inscription : 19/02/2006

La dinde en pal Empty
MessageSujet: La dinde en pal   La dinde en pal EmptyVen 30 Jan - 11:23

Notre pays d'Alençon est, par excellence, celui des "goules-fines". Quiconque a pris part à un dîner alençonnais est fixé sur la justesse de l'antique proverbe : "Qui fit Normand fit gourmand."
Notez, qu'ici, nous sommes des Normands de la lisière, des Normands renforcés, et jalousement conservateurs de nos bonnes traditions.
Au milieu des délicates et précieuses gourmandises produites par notre sol généreux, et qu'avec tant de joie, nous partageons, rayonne, triomphante, la dinde.
C'est avec elle que nous fêtons le retour de l'enfant prodigue, ou, plus simplement, de l'ami. Elle est de tous nos dîners, de toutes nos fêtes. La dinde alençonnaise possède une réputation plus que séculaire ; et, si elle n'a pas de lettres de noblesse, elle a servi, du moins, à en créer.
Vous savez, ans doute, que notre bon roi Henri IV avait un faible pour sa bonne ville d'Alençon, dans laquelle il se rendait fréquemment.
Or, donc, un soir qu'il voyageait incognito, le roi arriva, à l'improviste, chez un jeune seigneur d'Alençon, nouvellement marié, mais momentanément absent. Il se présenta à sa jeune épouse comme un haut dignitaire de la Cour, ami de son mari, puis la pria de lui donner à souper.
La jeune dame sortit, et, lorsqu'elle rentra après une absence assez prolongée, elle laissa voir au roi une figure désappointée.
- Je suis désolée, dit-elle à son hôte, il est tard, et, à cette heure, je n'ai rien pu trouver pour composer un repas présentable ; seul, un bourgeois de mes voisins possède une superbe dinde pendue à son croc ; mais il ne veut me la céder qu'à la condition d'en venir manger sa part ; cet homme étant roturier, je n'ai pu l'accepter.
- Eh, mais ! dit le roi, au diable l'étiquette ! Faites-le venir, madame. Mieux vaut souper en compagnie d'un vilain que mourir de faim !
Le bourgeois, introduit, ne voulut laisser à personne le soin de faire rôtir sa dinde. Il s'acquitta lui-même, et religieusement, de cette tâche délicate.

Le roi soupa le plus gaiement du monde et s'amusa franchement, au récit des histoires galantes et scandaleuses de la ville, contées par le manant, qui possédait, comme on dit chez nous, "la langue au diable et la sienne".
Au moment où Henri IV allait se retirer dans sa chambre, le manant qui avait, d'ailleurs, reconnu le roi, se jeta à ses pieds en lui disant :
- Sire, Votre Majesté ne peut avoir soupé en compagnie d'un faquin tel que moi ; ce serait pour elle une honte ineffaçable...
A ces mots, la jeune dame, au comble de l'étonnement et de la confusion, était, elle aussi, tombée à genoux devant son souverain.
Cependant, le bonhomme continuait son discours :
- ... Il n'y a qu'un moyen pour que Votre Majesté ne soit point déshonorée.
- Et lequel ? interrogea le roi, très amusé de l'aventure.
- C'est qu'elle m'accorde des lettres de noblesse.
A l'énoncé de cette requête, le monarque partit d'un formidable éclat de rire ; puis, pensant s'amuser davantage en prenant le rustre au dépourvu, il lui demanda :
- Et, si je t'anoblis, quelles armes prendras-tu ?
- Sire, je prendrai ma dinde : elle m'a valu trop d'honneur aujourd'hui pour être jamais oubliée de moi et de mes descendants !
A ce cri du coeur reconnaissant, jeté avec une fierté comique par le bourgeois, henri VI, au comble de la gaieté, s'écria :
- Eh bien ! ventre saint-gris ! Tu ne seras pas démenti ! Je te ferai gentilhomme. Et tu, porteras ta dinde en pal !...
Plus tard, le nouveau seigneur acheta le vieux logis où avait eu lieu le fameux repas. Cette maison, connue à Alençon sous le nom de maison d'Ozé ou Maison de la dinde, est toujours debout, et solide plus que jamais depuis sa restauration.
Si jamais vous passez par Alençon, allez visiter la maison de la dinde.
Et mangez une dinde !

Emile Brièré, Contes, récits et légendes des pays de France.
Revenir en haut Aller en bas
http://site.voila.fr/chezjoa
 
La dinde en pal
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Blanquette de dinde
» Goulash de dinde*
» Dinde aux marrons*
» Burger de dinde*
» Dinde à la tapenade*

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Chez Nous :: Les pipelettes :: Histoires insolites :: Contes et légendes-
Sauter vers: