A la fin du XVIIIe siècle, suite aux travaux du médecin allemand Mesmer, le "magnétisme animal" connut en France une grande faveur. Les gens de la bonne société se passionnèrent pour ce mouvement assez confus, qui mêlait les premières approches scientifiques de l'électricité, le spiritisme et l'esprit philosophique des Lumières. On en attendait, en particulier, toutes sortes de progrès dans la médecine. C'est ainsi que le marquis Tissart du Rouvre prépara en 1784 (il n'est pas dit par quel procédé) un "arbre magnétique", dans sa terre de Croissy-Beaubourg. L'arbre servait de pivot à des milliers de cordes et de ficelles qui, partant de son tronc, rayonnaient de tous les côtés, parfois sur de grandes distances. Les malades pouvaient en saisir les extrémités et s'épargnaient ainsi une partie du déplacement. Tout un personnel de domestiques transformés en infirmiers s'occupaient de ceux-ci, relevaient ceux qui tombaient en crise ou qui avaient besoin d'assistance et les transportaient au château où ils pouvaient reprendre des forces. En raison de la proximité avec la capitale, l'arbre magnétisé de Croissy-Beaubourg attira une foule considérable de gens souffrant d'affections diverses, sans compter les curieux. On pouvait assister, affirme-t-on, "à des guérisons aussi nombreuses que spectaculaires". Sans doute s'agissait-il de maladies psychosomatiques. Malgré sa célébrité et ses bienfaits supposés, l'arbre magnétique ne survécut pourtant pas à la tourmente révolutionnaire. Il disparut en 1789, peu après la prise de la Bastille.