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 Gargantua en Normandie

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Joa
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MessageSujet: Gargantua en Normandie   Gargantua en Normandie EmptyJeu 12 Fév - 14:50

Popularité, rochers et mégalithes qui portent son nom

Après la Bretagne, il n'est point, à ma connaissance, de province, où Gargantua soit aussi populaire qu'en Normandie. Ainsi qu'on le verra ci-après, un assez grand nombre de lieux portent son nom, et les auteurs qui se sont occupés de la Normandie légendaire ont recueilli sur le génat des récits d'une importance variable, mais qui ne sont pas sans nul doute les seuls où il soit mis en scène.
Le département de la Manche, qui entonne bien sous toutes les espèces, solides ou liquides, a un ventre de Gargantua.
Le fameux géant éternisé par Rabelais, Gargantua, qui passe parmi nos villageois pour avoir une influence très grande sur la destinée de leurs pères, a partagé avec les fées le privilège d'établir son patronage sur les pierres druidiques et plus particulièrement encore sur les monuments naturels de forme gigantesque et singulière.
Dans la commune d'Ussy (Calvados), à l'ouest, vers Leffard et Saint-Germain, en quittant la plaine, sont deux petits menhirs qui semblent indiquer les limites du Bocage. Le premier, que l'on nommait Pierre, du Post, Postis, ne saillait que de sept pieds au-dessus du sol, et il fut renversé, il y a quatre ans, par les jeunes gens de la commune qui croyaient trouver dessous un trésor.
Le second, que nous avons fait lithographier, porte le nom de Pierre de la Hoberie. Il est dans un joli petit vallon, au-dessous de la ferme du même nom. Sa hauteur est de onze pieds. Son effet est assez pittoresque. le fond, vers les rochers, est garni de grands arbres qui arrêtent la vue et un léger ruisseau coule au pied du monument.
Nous demandâmes à un paysan de Leffard quelques détails sur l'origine de la Pierre de la Hoberie ; il nous répondit qu'elle avait été plantée par curieusité ; qu'on disait que c'était un gian nommé Guergintua qui l'avait laissé tumber par un trou de sa pouchette en passant ; il ajouta que l'on y voyait souvent des revenants et qu'il y avait sûrement quelque trésor.

En face et tout près du château de la Brosse, dans le Perche, s'offre un dolmen gigantesque surnommé le Palet de Gargantua. Le géant, revenant un jour de jouer sa partie dans la contrée, laissa par mégarde tomber son palet sur le chemin.
On montre près de Portmon (Eure), sur les bords de la Seine, une pierre levée qui porte le nom de Caillou de Gargantua.
En sortant de Saint-Germain-du-Corbeis (Orne), par l'ancien chemin de Saint-Barthelémi, à mi-côte, près du vieux chemin qui descend du moulin, existait autrefois une roche, détruite lors de la construction de la nouvelle route, sur laquelle on remarquait un creux d'environ soixante centimètres, qu'on disait être l'empreinte du pas de Gargantua.
M. l'abbé Cochet, dans son Dictionnaire topographique de la Seine-Inférieure, nous apprend qu'on montre la Chaise de Gargantua à Saint-Pierre-de-Varengille (La roche naturelle, connue sous le nom de Chaise ou Chaire de Gargantua, est désignée dans une charte du XIIe siècle, trouvée par M. Deville sous le nom de Curius Gigantis) ; à Veulettes, son Tombeau (La butte du Châtelier où s'élevait autrefois un oppidum, et que les habitants appellent le Tombeau de Gargantua). Son Petit Doigt est resté à Varengeville-sur-Mer, son Cheval à Fresles.
Dans le département de l'Eure, M. le marquis de Blosseville signale le Siège de Gargantua conservé à Port-Mort, sur la route des Andelys à Vernon.
Sur la falaise la plus avancée de Varengeville (canton d'Offranville), s'élève une énorme butte en terre dont la forme un peu allongée ressemble assez à un tertre de nos cimetières. Le peuple, qui symbolise tout, dit que c'est la Tombe du petit doigt de Gargantua.
Sur la crête d'une falaise, près du château de Tancarville, s'élève, à deux cents pieds au-dessus de la Seine, une roche de craie, semblable à un immense toit qui surplombe et paraît près à se détacher. Elle est connue sous le nom de Pierre Gante et sous celui de Chaise ou de Fauteuil de Gargantua. Suivant la tradition, il avait coutume de s'y asseoir lorsqu'il se lavait les pieds dans la Seine, et il y faisait entendre de sourds mugissements qui retentissaient dans les nuages chassés par le vent de mer et amoncelés autour du rocher.
A Dormont, près Vernon, une hottée de terre jetée par Gargantua a suffi, dit-on pour former deux tumulus bien connus des antiquaires normands. On les appelle la Hottée de Gargantua.

Cest à Gargantua qu'il faut rapporter, suivant quelques auteurs, la dénomination de Mont-Gargan, donnée à plusieurs montagnes de France et d'Italie. Cependant, d'autres éthymologistes n'y voient qu'une altercation du mot archange. Un monticule, près de Rouen, situé à la descente de la montagne Sainte-Catherine, s'appelle Mont-Gargan.
L'église de Fort-Moville est située dans une vallée, et n'a de remarquable que son clocher en bâtière. les habitants racontent que ce clocher fut primitivement très élevé, mais que Gargantua, en passant d'un mont sur l'autre, l'ayant enversé d'un coup de pied, on lui donna la forme qu'il a conservée.
Dans l'Orne, à Chamboy, où se trouve un remarquable donjon du Moyen Âge, on donne le nom de Bottes de Gargantua à deux collines qui en sont voisines.
D'autres endroits ont emprunté leur nom à Gargantua. On lit dans le Glossaire de la vallée d'Yères, de M. Delboulle (Le Havre, 1876) : "Gargantua. Localité près de Grandcourt (Seine-Inférieure), canton de Londinières. Dans le pays de Bray, un autre endroit se nomme le Pas du Cheval de Gargantua. Qui nous dira l'humble village où ne sont pas connus les héros de Rabelais ?"
La Pierre à affiler de Gargantua est un menhir situé à Néaufles-sur-Risle, vers la limite du département de l'Orne.
Le peuple, qui appelle ce menhir la Pierre à Gargantua, attache à cette dénomination, comme à plusieurs autres monuments celtiques, une fable analogue à tous les contes qui ont été faits sur ce géant célébré par Rabelais, mais qui sûrement n'est pas de son invention. Les paysans racontent donc (ce que peut-être ils croyaient autrefois, mais qu'ils se disent aujourd'hui en riant) que Gargantua, venant de finir sa journée, pendant laquelle il avait fauché dix-huit acres de prairies, et n'ayant plus besoin de sa pierre à faux, la jeta du haut de la côte sur laquelle il passait dans la vallée, où elle s'est plantée debout, et que c'est elle que nous voyons aujourd'hui.
C'est la même pierre que désigne sans doute M. Bourquelot : "Dans la commune de Néaufles (département de l'Eure) s'élève la Pierre à repasser de Gargantua. C'est un obélisque haut de dix pieds, qu'on découvre de loin dans la vallée qu'arrose la Risle. Le grès dont il est formé n'existe qu'à deux ou trois lieues de Néaufles. Les paysans racontent que Gargantua alla déraciner dans la carrière et transporta lui-même, au lieu où il est maintenant, l'énorme bloc, et que c'est sur ses rudes arêtes que le monstrueux général affilait la faux avec laquelle il achevait les soldats de César."

A Carolles (Manche), se trouve la Roche de Gargantua, surplombant la Grabde Abîme du Port-du-Sud. C'est de là que posant à travers la baie du Mont-Saint-Michel une pierre qui est l'îlot de Tombelaine, puis une autre qui est le Mont, il passait de Normandie en Bretagne, et sa troisième enjambée se faisait en se posant sur le Mont Dol.
Dans le bois de Montgommery, sur le chemin de Carrouges à Sées, commune de la Lande de Goult, existe une roche de grès très dure, à fleur de terre, présentant à sa surface une sorte de dépression en forme de rainure, longue de deux ou trois mètres sur une largeur de cinquante à soixante centimètres. On dit dans le pays que c'est l'empreinte des roues du chariot de Gargantua lorsqu'il revenait de Tombelaine après avoir jeté dans la mer l'îlot de Tombelaine et le Mont.
Le mont de Besneville, canton de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche), est une grosse colline rocheuse tapissée de bruyères et du haut de laquelle on domine la mer qui s'étend entre la côte bas-normande et l'île de Jersey, située en face. J'ai entendu raéconter dans mon enfance que le mont de Besneville n'était ni plus ni moins qu'un gravier qui se trouvait dans le soulier de Gargantua. Il venait de loin, de bien loin, par-delà de Caen. Rouen ou Paris pour le moins. Or il voulait sans s'arrêter dans sa route passer à Jersey, ce qui était l'affaire d'une enjambée. Il sentit que quelque chose le gênait dans ses souliers ; il s'assit sur le bor de la mer, se déchaussa et tira de son soulier le gravier qui est le mont de Besneville.


Dernière édition par Joa le Mar 24 Fév - 15:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Gargantua en Normandie   Gargantua en Normandie EmptyLun 16 Fév - 11:55

La légende de Craménil

A Craménil-sur-Rouvre, canton de Briouze, se voit un des plus beaux menhirs du département de l'Orne, connu sous le nom de Pierre à affiler de Gargantua (M. Duval m'écrit que dans le patois des environs de Briouze, on prononce Jargantua).
Une légende insérée par Chrérien de Joué du Plain, dans ses Veillerys Argentenois, manuscrit non encore publié, et dont l'extrait suivant a été communiqué à M. Duval par M. de la Sicotière, nous montre Gargantua aux prises avec saint Pierre : le Dieu celtique, sûr de sa force, engage la lutte avec courage ; mais l'apôtre juif, ayant pour lui la ruse, finit par triompher. Est-ce s'abuser de voir dans ce récit un souvenir de la lutte soutenue contre les missionnaires chrétiens par les derniers défenseurs du paganisme, et de la défaite définitive de ces derniers ? Le lecteur va être à même de juger : le diable, autrement dit Gargantua ou le Géant, envoya un jour un défi à saint Pierre pour faucher. Saint Pierre accepta, et l'on convint de se trouver sur Craménil, car la plaine était diffiicile, les champs étaient couverts çà et là de gros rochers qu'il faut savoir éviter, et le grain si court et si glissant qu'à peine on peut le saisir. Gargantua monta dans un chariot traîné par trois démons, s'étant muni de sa faux et de son olivier (sorte de vase allongé dans lequel le faucheur met sa pierre à aiguiser, et qu'on nomme dans certains cantons de l'orne couié, le gallot couyé) garni de sa pierre affiloire.

Il venait de loin, car il voyageait depuis longtemps, lorsqu'il parvint dans la contrée avec un fracas si grand qu'on crut entendre un tremblement de terre à plusieurs lieues à la ronde ; les côtes, les rochers, rien ne l'arrêtait ; mais, balançant sa tête décrépite et se dressant sur le bout de ses pieds en forme d'ergots, pour mieux se fixer sur son siège, il pensa plusieurs fois tomber en faisant la culbute.
- Par ma barbe, dit-il, les guérets sont rudes dans ce pays !
Ayant encore éprouvé une violente secousse, en heurtant contre une roche énorme :
- Oh ! là, dit-il, voilà une motte qui est dure comme du fer.
Enfin commença l'entrevue. Gargantua salua saint Pierre de la main ; saint Pierre lui rendit son salut en s'inclinanat avec dignité. Alors Gargantua fit trois sauts en avant, deux en arrière, puis un en avant, et, saisissant la calotte rouge dont il ornait son chef, il allait comme un élégant d'aujourd'hui passer sa main sur ses cheveux pour les placer avec grâce, lorsque, dans cette opération, elle se trouva arrêtée par une de ses cornes ; c'est alors qu'il résolut de s'incliner encore une fois profondément. Pour en finir, les pourparlers ne furent pas longs ; le concours commença. Saint Pierre, en homme adroit, se mit près d'un bloc de granit, et tourna tout autour. Gargantua voulut suivre, mais en vain, car, sans s'en douter, il avait plus de besogne à faire ; il avait donc beau se démener, il n'arrivait pas. Enfin, pour la troisième fois, il s'écria : Affilemus, Petre, et saint Pierre de toujours aller et de lui répondre : Non affilemus, diavole. Cependant Gargantua, voulant prendre à la hâte sa pierre pour affiler, la tira de son olivier, mais voyant que saint Pierre gagnait encore du terrain, il la lança loin de lui, pour tenter un dernier effort. Alors, voyant qu'il ne pouvait venir à bout de regagner le temps perdu, il s'avoua de bonne grâce vaincu.

Saint Pierre, content de sa supériorité, quitta Gargantua en le complimentant d'un air bénin pour se rendre à son poste, et Gargantua monta dans son chariot, sans penser à sa pierre affiloire qui était tombée debout dans l'herbage du Grand-Douit.
Cette pierre, qui a douze pieds d'élévation, est d'une belle qualité de granit, et offre quatre faces bien marquées dont les quatre angles correspondent ax quatre vents principaux ; l'herbage où elle se trouve est uni.
M. Duval ajoute : "Un proverbe qui montre l'authenticité et l'ancienneté de cette légende est conservé aux environs de Craménil, où l'on dit communément : Faire couper comme la pierre de Gargantua."
Il est évident que dans la légende recueillie à Craménil, nous avons affaire, non plus à un géant débonnaire et glouton, remarquable seulement par le développement prodigieux des forces physiques, et sans aucun caractère divin, mais à un dieu véritable, à un génie déchu, relégué au rang des démons par la croyance populaire. Comme nous, M. Chrétien voit dans ces récits fabuleux le produit spontané de l'imagination populaire frappée du discrédit dans lequel tombèrent les monuments et les dieux de l'ancienne religion, lorsque le christianisme, tardivement introduit dans nos contrées, fut devenu la religion officielle. De là, dit-il, les noms de Gargantua, de Tue-la-mort ou de Folie, sous lesquels on le désigne souvent. Pour en revenir à ce qu'on raconte du concours entre saint Pierre et le diable, on a voulu figurer le triomphe de l'apôtre, qui représente sous le nom de Gargantua le diable ou génie malfaisant, et qui venait d'être vaincu ou renversé.
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MessageSujet: Re: Gargantua en Normandie   Gargantua en Normandie EmptyMar 24 Fév - 15:47

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A Bliquehuit (Seine-Inférieure), d'après l'abbé Cochet, il y a une pierre autour de laquelle on voit des fées et des géants.
Près d'Argentan, entre la rivière de Baise et le ruisseau de Sarceaux qui prend naissance dans plusieurs fontaines, dont la plus renommée porte le nom de fntaine de Michon, existe un mamelon calcaire connu sous le nom de Butte du Hou, sur le versant duquel on remarquait, il y a une trentaine d'années (vers 1853), un tumulus auquel on attribuait une origine semblable. D'après les légendes locales, recueillies par Chrétien de Joué du Plain, c'était l'oeuvre d'un géant d'une taille si élevée qu'il enjambait les hayes et les arbres comme on passe sur les herbes ; il n'était arrêté dans ses voyages, ni par les rochers les plus élevés, ni par les rivières les plus larges. Avec cela, il était doué d'une grande force, car un jour, voulant honorer la mémoire de quelques braves morts pour la patrie, il prit une poignée de terre à Grogni, et forma ainsi une excavation qui s'appelle aujourd'hui la Mare de Grogni. Il mit ensuite cette terre dans une de ses poches, et alla la déposer sur leur tombe. Telle est l'origine du tumulus de la Butte du Hou qui, de temps en temps, est, dit-on, visitée par ce géant.

M. Chrétien rapporte que, d'après les légendes du pays, le tumulus des Hogues, situé sur la commune de Cuigni, près de la rivière d'Orne, a été également élevé par des géants.

Paul Sébillot, Contes, récits et légendes des pays de France
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