Poilu : quel drôle de nom !

La Grande Guerre, et il n'y en a jamais eu qu'une seule pour les Français, a fait naître de nombreux termes qui sont passés dans la langue courante et se sont parfois maintenus jusqu'à nos jours. Mais avant tout, il convient d'expliquer le mot poilu lui-même. Qu'est-ce en effet qu'un poilu ? C'est un gars qui a du poil, ce symbole de la force physique et de la virilité. Donc, un poilu, c'est un homme courageux. Et c'est bien dans ce sens qu'il faut chercher l'origine du mot et non dans le fait qu'au début de la guerre les soldats avaient, par nécessité, laisser pousser leur barbe. D'ailleurs, par la suite, l'utlisation des gaz asphixiants obligea les combattants à utiliser des masques à gaz dont le port s'avéra incompatible avec la barbe : les poilus durent donc tous se raser et le vrai poilu devint ainsi imberbe. C'est d'ailleurs à cause de la Grande Guerre que le port de la barbe, extrêmement répandu auparavant, disparu à peu près des usages. Durant le conflit le mot poilu fut plutôt utilisé par l'arrière ou bien par le commandement, les soldats du rang préférant se désigner entre eux par le sobriquet de bonshommes. néanmoins, c'est bien poilu qui désignera ensuite et définitivement le glorieux combattant de ce grand conflit.

En 1814, on surnomma Marie-Louise les conscrits levés par anticipation pour faire face à l'invasion de la France. La raison en est simple : ils avaient été convoqués sous la signature de la régente, l'impératrice Marie-Louise. Le terme fut à nouveau utilisé un siècle plus tard, en 1914n et attribué aux jeunes conscrits de la classe 1915 (on disait la classe 15). Quant aux Bleuets, il s'agissait de soldats de la classe 1917 appels dès 1916 pour parer au manque cruel d'effectifs. Durant la Grande Guerre, on leva chaque année près de 90 % d'une classe d'âge. les Bleuets étaient certes des Bleus : c'est-à-dire desjeunes n'ayant pas encore connu le baptême du feu, mais le terme signifiait plus exactement qu'ils revêtaient les premiers l'uniforme bleu horizon qui commençait à se généraliser dans l'armée française. Le sens de Bleuet apparaît beaucoup plus affectueux que Bleu car il comporte une part de rêve et d'idéal et la fleur appelée Bleuet allait demeurer l'emblême même des combattants de la Grande Guerre. Ainsi les soldats étaient-ils souvent très jeunes et à Verdun on vit combattre des jeunes gens de 18 ans.