Au XIXe siècle, s'élevait sur la rive droite du Jaudy, en face de Tréguier, un petit sanctuaire dédié à la Vierge, qui n'était vraiment pas comme les autres : les habitants des environs venaient y demander la mort de leurs ennemis !
Un chroniqueur écrit, en 1830 : "Un oratoire dédié à Notre-Dame de la Haine existe près de Tréguier. Parfois, vers le soir, on voit des ombres honteuses se glisser furtivement vers ce triste édifice, placé en haut d'un coteau sans verdure. Ce sont de jeunes pupilles lassés de la surveillance de leurs tuteurs, des épouses maltraitées par leur mari. Trois Ave dévotement répétés amènent irrévocablement la mort dans l'année."
Mais le plus souvent, c'étaient des femmes âgées qu'on apercevait près de Notre-Dame de la Haine. Celle-ci était, en effet, à l'origine d'une activité très particulière : de vieilles femmes de Tréguier, qui se prétendaient spécialistes de ce genre de prières, proposaient, moyennnant finances, d'aller les réciter devant l'oratoire à la place des intéressés.
En 1879, un curé de Tréguier, l'abbé Kerleau, décida de mettre fin à ces pratiques bien peu catholiques. Il fit détruire le santuaire et enfermer la statue de la Vierge dans la sacristie de son église. Il est mort dans l'année et beaucoup, à Tréguier, y ont vu la vengeance de Notre-Dame de la Haine, qui accomplit là son dernier maléfice.