Quand Jack Barlich, un Californien âgé d'une soixantaine d'années, retourne la carte que vient de lui attribuer un croupier du MGM Grand, un casino de Las Vegas, il comprend aussitôt qu'étant dorénavant en possession d'une "suite à la couleur par un as", il vient de prendre une solide option sur les 25 000 dollars qui se sont accumulés sur la table du jeu de poker. Sa jubilation est éphémère. Son coeur s'affole puis cesse de battre. A peine s'est-il écroulé que l'alerte est donnée par le système de télésurveillance et qu'une équipe de secouristes surgit avec un défibrillateur portable. Au bout de cinq électrochocs, le coeur de Barlich repart. "Je remercie le ciel d'être joueur. Je suis en vie. Et riche de surcroît !" s'est exclamé le malade dans l'ambulance qui le transportait vers l'hôpital le plus proche.
"Aux Etats-Unis, l'endroit le plus sûr pour faire un arrêt cardiaque est un casino, confirme Bryan Bledsoe, médecin urgentiste à l'université George Washington. En neuf ans, les vigiles des établissements de jeu ont, en effet, réanimé 1 800 joueurs et employés, soit 53 % des victimes d'un infarctus du myocarde, alors que le taux moyen de survie aux Etats-Unis est inférieur à 10 %." S'appuyant sur ses statistiques, l'Association cardiaque américaine vient de se prononcer en faveur de l'utilisation étendue des défibrillateurs par des non-professionnels. Une décision amèrement contestée par David Robertson, membre du conseil d'administration de la Coalition nationale contre le jeu légalisé. "Les casinos sauvent la vie des joueurs pour qu'ils puissent continuer de s'y ruiner !" a-t-il bougonné.