On dit qu'il y a plus de mille ans, un géant avait choisi pour demeure le village de Quézac dans une riante vallée du Gévaudan. Il s'y était endormi paisiblement.
Une jeune étrangère, fuyant la faim et le froid avec son enfant dans les bras, foula le domaine interdit; par malheur, ses petits pas feutrés résonnèrent dans la tête du colosse.
Celui-ci se gratta l'oreille. Il ouvrit un oeil. Puis l'autre. Il se leva d'un bond et, rageusement, arracha un long rocher, et le planta dans le sol. Le coup fut tel qu'une faille s'ouvrit jusqu'au centre de la terre.
La femme se réfugia sous un bosquet mais elle ne put retenir les pleurs de son nourrisson.
Le géant, exaspéré, poussa un hurlement qui déchira les cieux; un nuage noir s'engouffra et un terrible orage éclata avec des éclairs fantastiques. C'est alors qu'une pluie diluvienne s'abattit sur le sol.
Les pleurs de l'enfant se mélêrent à la pluie tandis que le géant, persuadé que le ciel lui tombait sur la tête, s'enfuyait à toutes jambes.
Les eaux pénétrèrent alors dans la terre où elles entreprirent un formidable voyage dans les profondeurs du sous-sol.
Année après année, elles se chargèrent en minéraux et prirent ses forces à la pierre.
Elles rencontrèrent de fines bulles volcaniques puis remontèrent par la faille née de la du géant.
Et, bien des années plus tard, alors que l'étrangère dormait sous le bosquet, jaillit à ses pieds une source pétillante.
A peine eut-elle bu quelques gorgées qu'elle redevint jeune: l'eau enrichie par l'énergie des profondeurs lui avait offert une parcelle d'éternité.
On dit que, aujoud'hui encore, la femme à l'enfant protège le village et sa source.
On dit aussi que l'eau de Quézac apporte gaieté et longue vie à quiconque la boit et qu'elle est un présent divin au monde.
Accueil 
