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 Mahistruba, le capitaine marin

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Joa
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Joa


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MessageSujet: Mahistruba, le capitaine marin   Mahistruba, le capitaine marin EmptyVen 8 Sep - 8:26

De même que beaucoup d'autres en ce monde, il y avait un capitaine marin. Il avait eu dans sa vie beaucoup de pertes et de mécomptes, aussi il ne voyageait plus : mais tous les jours il allait sur le bord de la mer pour son plaisir, tous les jours il y rencontrait un gros serpent, et tous les jours il lui disait :
- Dieu t'a donné aussi la vie : vis donc.
Ce capitaine vivait de ce que sa femme et sa fille gagnaient en cousant. Un jour, le serpent lui dit :
- Va-t'en trouver tel constructeur, et commande-lui un navire de tant de tonneaux, demande-lui son prix et offre-lui le double de ce qu'il te demandera.
Le capitaine fit ce que le serpent lui avait dit, et, le jour suivant, il vient sur le rivage et dit au serpent qu'il avait exécuté ses ordres. Alors le serpent lui commanda de choisir douze matelots, tous hommes vigoureux, et de leur donner un salaire double de celui qu'ils demanderaient. Après l'avoir fait, le capitaine revint trouver le serpent et lui dit qu'il avait ses douze hommes. Le serpent lui donna alors tout l'argent nécessaire pour payer le navire, et le constructeur fut bien étonné de voir qu'une si forte somme d'argent lui était payée à l'avance par cet homme pauvre ; toutefois il se hâta de terminer son ouvrage aussi promptement que possible.
Le serpent ordonna encore au capitaine de pratiquer à fond de cale un grand espace vide, d'avoir un grand coffre et de le lui apporter lui-même. Il le fit, et le serpent y entra. Le navire était prêt, il embarqua le coffre, et l'on mit à la voile.
Le capitaine allait tous les jours voir le serpent, mais les matelots ne savaient pas ce qu'il allait faire dans la cale, ni ce que contenait le coffre. Le navire avait déjà fait de la route, mais personne ne connaissait sa destination. Un jour le serpent dit au capitaine qu'il allait arriver une si terrible tempête que les nuages et la terre se confondraient, et qu'à minuit un grand oiseau noir passerait sur le navire et qu'il fallait le tuer, et il lui dit d'aller demander à ses matelots s'il y avait parmi eux quelque bon tireur.

Le capitaine demanda à ses hommes s'il y avait parmi eux un bon tireur.
- Oui, répondit l'un d'eux, je puis tirer une hirondelle au vol.
- Très bien ! très bien ! cela nous servira, dit le capitaine.
Il revint dire au serpent qu'il y avait un tireur capable de tuer une hirondelle au vol. Et au même instant le ciel devint noir comme la nuit, la terre et les nuages se confondirent, et chacun tremblait de frayeur. Le serpent donna au capitaine un breuvage fortifiant pour le tireur, et on l'attacha au mât. A minuit on entendit un cri perçant : c'était l'oiseau qui passait au-dessus du navire, et notre chasseur eut la bonne fortune de le tuer. Au même instant la mer devint calme. Le capitaine alla dire au serpent que l'oiseau avait été tué.
- Je le savais, lui répondit le serpent.
Lorsqu'ils furent arrivés un peu plus loin sans aucun incident, le serpent dit un jour :
- Ne sommes-nous pas près de tel port ?
- Oui, répondit le capitaine, il est en vue.
- Très bien, alors, nous allons y aborder.
Et il lui dit d'aller demander à ses matelots s'il y avait parmi eux un bon coureur. Il le fit, et l'in d'eux répondit :
- Pour moi, je suis capable d'attraper un lièvre à la course.
- Très bien ! très bien ! cela nous servira, dit le capitaine.
Et il alla dire au serpent qu'il y avait un de ses matelots qui attrapait les lièvres à la course.
- Vous débarquerez le coureur au port, dit le serpent, et vous lui direz d'aller au sommet d'une petite montagne ; là se trouve une petite maison, où demeure une vieille, vieille femme. Il y a aussi un briquet, une pierre à fusil, et une boîte à amadou ; il faudra qu'il rapporte à bord ces trois objets, mais un par un, en prenant chacun d'eux un jour différent.
Notre coureur fut débarqué ; et il alla à la maison. Il vit la vieille femme qui avait des yeux rouges et qui filait sur le seuil de sa porte. Il lui demanda une goutte d'eau en lui disant qu'il avait fait une longue route sans en trouver, et qu'elle serait bien bonne de lui en donner une petite goutte. La vieille répondit non ; mais il la supplia de nouveau en lui disant qu'il ne connaissait pas les routes du pays, et qu'il ne savait où aller. La vieille femme tenait constamment les yeux sur la tablette de la cheminée ; à la fin elle lui dit :
- Alors, je vais vous en donner un peu.

Pendant qu'elle allait à sa cruche, notre coureur enleva le briquet de la tablette de la cheminée et se mit à courir à toutes jambes, aussi vite qu'un éclair ; mais la vieille femme était sur ses talons. Juste au moment où il était sur le point de sauter dans le navire, la vieille l'atteignit, lui arracha un morceau de son habit, et, avec lui, un lambeau de la peau de son dos. Le capitaine alla trouver le serpent et lui dit :
- Nous avons le briquet ; mais notre homme a la peau du dos emportée.
Le serpent lui donna un remède avec un breuvage puissant, et lui dit que l'homme serait guéri le lendemain, mais qu'il fallait retourner encore à la cabane.
L'homme répondit :
- Non, non, que le Diable emporte cette maudite vieille s'il le veut ; mais pour moi, je n'y retournerai plus.
Mais comme le lendemain il était guéri par le breuvage qu'il avait pris, il descendit à terre. Il s'habilla d'un vêtement sans manches, de vieux pantalons déchirés, et arriva chez la vieille femme. Il lui dit que son navire avait été jeté à la côte, qu'il errait çà et là depuis quarante-huit heures, et il la pria de le laisser entrer pour allumer sa pipe au foyer.
- Non, répondit-elle.
- Ayez pitié de moi ; je suis si malheureux ; c'est une bien petite faveur que je vous demande.
- Non, non, j'ai été trompée hier.
- Tout le monde n'est pas trompeur, répondit le marin ; soyez sans crainte.
La vieille se leva pour aller au feu et, pendant qu'elle se penchait pour prendre un tison, il s'empara de la pierre à fusil et se mit à fuir, courant comme s'il voulait se casser les pieds. Mais la vieille femme courait aussi vite que notre coureur ; toutefois elle ne l'atteignit qu'au moment où il s'élançait dans le navire ; elle lui déchira son habit, et avec lui la peau du dos et celle du cou, et il tomba dans le navire.
Le capitaine alla tout de suite dire au serpent :
- Nous avons pris la pierre à fusil
Il lui donna une médecine et un breuvage bon et puissant pour guérir l'homme et le mettre en état de recommencer le lendemain. Mais le matelot dit que non, et qu'il ne voulait plus revoir cette vieille aux yeux rouges. On lui dit que la boîte à amadou restait encore à prendre. Le lendemain on lui donna encore un bon coup à boire. Cela lui donna du courage, et il eût envie de retourner.

Il s'habilla comme s'il avait fait naufrage et descendit à terre à moitié nu. Il alla trouver la vieille femme et lui demanda un peu de pain parce qu'il n'avait pas mangé depuis longtemps, et il la pria d'avoir pitié de lui, parce qu'il ne savait que devenir.
La vieille femme lui dit :
- Allez où vous voudrez, vous n'aurez rien de ma maison et personne n'y entrera. Tous les jours j'ai des ennemis.
- Mais qu'avez-vous à craindre d'un pauvre homme qui ne demande qu'un peu de pain, et qui s'en ira aussitôt après ?
A la fin, le vieille se leva pour aller à son buffet, et notre homme lui prit la petite boîte à amadou. la vieille se précipita après lui, désirant de tout son coeur l'attraper ; mais notre homme avait de l'avance. Elle l'atteignit juste au moment où il sautait dans le navire. La vieille femme le saisit par la peau du cou et la lui déchira jusqu'à la plante des pieds. Notre coureur tomba et l'on ne savait s'il était mort ou en vie, et la vieille cria :
- Je le maudis, lui et tous ceux du navire.
Le capitaine alla trouver le serpent et lui dit :
- Nous avons la boîte à amadou ; mais notre coureur est en grand danger. Je ne sais s'il vit encore ; il n'a plus un morceau de peau depuis le cou jusqu'à la plante des pieds.
- Consolez-vous, consolez-vous ; il sera guéri demain matin ; voici la médecine et le breuvage. Maintenant, vous êtes sauvés. Remontez sur le pont et faites tirer sept salves d'artillerie.
Le capitaine monta sur le pont, fit tirer les sept salves, puis il vint au serpent :
- Nous avons tiré les sept salves.
- Faites-en tirer encore douze ; mais n'ayez pas peur ; la police va venir ; on vous mettra les menottes et l'on vous conduira en prison, et vous demanderez comme une faveur de ne pas être exécutés avant que le navire ait été visité, afin de prouver qu'il ne contient rien qui mérite un tel châtiment.
Le capitaine monta sur le pont et tira douze salves ; aussitôt les magistrats et la police arrivèrent à bord ; ils mirent les menottes aux hommes, aux matelots et au capitaine, et ils les conduisirent en prison. Les matelots n'étaient pas contents ; mais le capitaine leur dit :
- Bientôt vous serez délivrés.

Le lendemain le capitaine demanda à aller parler au roi. On le conduisit devant le prince, qui lui dit :
- Vous êtes condamné à être pendu.
- Pourquoi, répondit le capitaine ; est-ce pour avoir tiré quelques coups de canon que nous devons être pendus ?
- Oui, oui ; car depuis sept ans nous n'avons pas entendu le canon dans cette ville. Je suis dans la peine, moi et mon peuple. Je n'avais qu'un fils et je l'ai perdu. Je ne puis l'oublier.
Le capitaine répondit :
Je ne connaissais ni cette nouvelle ni la défense de tirer, et je vous prie de ne pas nous tuer avant d'avoir été voir s'il y a dans notre navire quelque chose qui puisse nous faire condamner en bonne justice.
Le roi se mit en route avec ses courtisans, ses soldats et ses juges, en un mot avec tout le monde. Lorsqu'il fut monté sur le pont, jugez de sa surprise ! Il y trouva son fils si tendrement aimé, qui lui raconta comment il avait été enchanté par une vieille femme : il était demeuré sept années sous la forme d'un serpent. Chaque jour, dit-il, le capitaine venait se promener sur le rivage de la mer, et chaque jour il lui laissait la vie en lui disant : "Le bon Dieu t'a aussi créé." Alors, ayant vu le bon coeur du capitaine, je pensai qu'il m'épargnerait, et c'est à lui que je dois la vie.
On alla ensuite à la cour. Les hommes furent mis hors de prison, et l'on donna au capitaine une forte somme d'argent pour doter sa fille et un navire pour lui.
Pour les matelots, on leur donna à boire et à manger tant qu'ils voulaient pendant tout le temps qu'ils demeurèrent dans la ville, et, à leur départ, on leur remit de quoi vivre à l'aise pour le restant de leurs jours.
Le roi et son fils vécurent heureux, et, comme ils avaient bien vécu, ils moururent aussi heureux.

Wenworth Webster, Contes, récits et légendes des pays de France.
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